-Alger semble vous avoir plu… Je vous avoue qu'Alger m'a ensorcelé. J'ai vu des choses que j'adore comme la vieille ville, La Casbah, les artisans. Ce qui est merveilleux est que ce n'est pas du superficiel, c'est-à-dire une visite pure qui n'est pas faite sous un angle touristique et maquillée. C'est beau, vraiment beau. -Maintenant, parlez-nous de vos conférences… La première conférence portait sur «La poésie posthume de Pablo Neruda, un voyage à l'intérieur de lui même». La seconde sur «La présence arabe dans la littérature latino-américaine». J'ai senti un intérêt très grand des Algériens pour la littérature latino-américaine. Aussi, il y a lieu de souligner que le second thème n'a pas été suffisamment étudié, ni en Amérique latine ni dans les pays arabe. Il était donc très intéressant pour l'auditoire. J'avoue que je regrette que la communauté universitaire n'ait pas été avisée pour assister à mes conférences au SILA et particulièrement les Hispanistes. Toutefois, je suis disposé à travailler avec des chercheurs algériens de la faculté des langues sur le thème de la littérature arabe en Amérique latine -Vous semblez être un amoureux de l'œuvre de Pablo Neruda… Chez moi, tout est Neruda, partout Neruda. On trouve dans les œuvres de ce prix Nobel de littérature trois axes : la politique, l'amour et la mort. Mais, la politique est diffuse par rapport au sentiment de la mort, aspect dominant dans l'œuvre posthume de Neruda. En 1971, il reçoit le prix Nobel, et on lui annonce, aussi, un cancer de la prostate. L'espoir perdu d'être guéri en ex-URSS l'a contraint à s'isoler à la Isla Negra (l'île Noire) au Chili. Il y laissera 8 livres posthumes sur la mort, sa propre mort. Colossal comme contenu. -Comment se présente la littérature arabe en Amérique latine ? Vous savez, la littérature arabe en Amérique latine se présente sous trois étapes. On sait que la présence arabe remonte au temps de la conquête de l'Amérique latine, mais la littérature arabe commence concrètement en 1860, après la vague migratoire venant du Moyen-Orient, fuyant l'empire ottoman. Leur littérature était purement arabe, écrite dans leur langue. On l'appelait, en espagnol, la littérature «del mayar», c'est-à-dire «el mahdjar» ou l'exil. Des récits marqués par la perte de la patrie et de témoignages de détresse. Cette littérature a eu un grand succès au Moyen-Orient. Quant à la seconde étape, elle correspond aux enfants de ces émigrés qui sont bilingues. Ils ont écrit dans les deux langues, sans sentir la douleur du dépaysement de leurs parents, ni du sentiment de la terre perdue. La troisième génération d'écrivains ou de littéraires, qui a totalement perdu la notion de ses racines, écrit seulement en espagnol. Leur thème d'évocation du monde arabe est lié aux problèmes actuels de la Palestine. Par ailleurs, il existe plusieurs écrivains qui n'ont rien d'Arabe et qui se sont imprégnés de la culture arabe, tel Jorge Borges ou Garcia Marquez, jusqu'à prétendre qu'il est de descendance arabe