Le secrétaire général de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), Supachai Panitchpakdi, a réaffirmé hier l'analyse prudente, voire pessimiste de son organisation à propos d'une éventuelle reprise économique mondiale. Intervenant lors d'une conférence de presse, il a mis en garde contre l'émergence de nouvelles bulles financières qui risquent d'altérer la reprise économique. « Nous devons prévenir l'émergence de nouvelles bulles spéculatives dans le secteur financier », a-t-il affirmé. « Si on regarde la situation des finances publiques des principales économies, Asie comprise, on peut voir que ces pays luttent actuellement contre la maladie avec les mêmes moyens que ceux qui l'ont provoquée », a-t-il encore expliqué. « Nous luttons contre les problèmes d'accès aux liquidités en pompant plus de liquidités, c'est la raison pour laquelle on peut voir toutes ces bulles qui se développent sur les marchés boursiers de la planète », a ajouté M. Supachai, qui a plaidé pour une réforme réelle du secteur financier, alors que la tendance actuelle est le retour au « business as usual », la situation d'avant-crise. Un excès d'activités financières au détriment de l'économie réelle a été « la cause de la crise », a-t-il insisté. M. Supachai a jugé cette situation d'autant plus préoccupante que l'économie mondiale n'a pas encore retrouvé le chemin de la reprise. D'après lui, il est même « inévitable » que la croissance mondiale dans les deux prochaines années, voire plus, soit « assez faible ». Selon les prévisions de la Cnuced, le produit intérieur brut mondial ne devrait pas progresser de plus de 1,8% en 2010, après une chute de 2,5% en 2009. Dans un nouveau rapport sur le commerce et le développement publié le 7 septembre, la Cnuced tempère donc le regain d'optimisme qui anime la sphère financière mondiale en estimant que la crise est « loin d'être finie ». Selon la Cnuced, le PIB des pays développés se contractera en 2009 de 4% et celui des pays en transition de 6%. Quant aux pays en voie de développement, leur croissance devrait tomber de 5,4% en 2008 à 1,3% cette année. Parmi les régions en développement les plus touchées, figurent l'Amérique latine où le PIB chutera probablement d'environ 2% en 2009. Contrairement à l'Asie de l'Ouest où le PIB devrait reculer, l'Asie de l'Est et du Sud devraient afficher une croissance de 3 à 4% cette année. Et si le continent africain devait maintenir des taux de croissance positifs (3% en Afrique du Nord et 1% en Afrique subsaharienne) il sera toutefois « quasiment impossible de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement d'ici à 2015 », a souligné la Cnuced.