Comme à chaque fête de l'Aïd El Adha, la question de l'insalubrité qui envahit les moindres recoins de la ville se pose avec acuité. Si les 6000 agents de Netcom réquisitionnés pour l'événement ont déferlé sur la ville pour accomplir leur travail de ramassage des déchets, il n'en demeure pas moins que les moyens mis œuvre pour la circonstance restes nettement insuffisants. Aussi, l'incivisme des citoyens y est pour beaucoup dans cette situation qui, au fil du temps, est devenue indissociable du décor festif de l'Aïd. Par ailleurs, certaines communes qui ne sont pas couvertes par l'établissement Netcom ont été submergées par les déchets, ce qui remet en cause le rôle peu efficace des collectivités locales dans l'accomplissement de leur travail en matière de ramassage des déchets ménagers. En l'espace d'une journée, Alger la capitale s'est transformée en un gigantesque abattoir à ciel ouvert, où les règles d'hygiène les plus élémentaires ont été négligées, et ce, à la faveur d'une insalubrité qui, selon les spécialistes de la santé, peut s'avérer néfaste pour la santé des citoyens. Pris individuellement, tous les citoyens s'accordent pour dénoncer cette situation contraire aux percepts de l'Islam : «Il est inadmissible pour un musulman d'altérer sont environnement par la saleté», déplorent des habitants de la cité Cosider dans la commune de Bordj El Bahri. Au deuxième jour de l'Aïd, certaines cités de l'agglomération sont devenues de véritables dépotoirs à ordures où s'amoncellent dans les moindres espaces des amas de déchets spécifiques à l'Aïd, tels que les restes d'abats, d'excréments de moutons et les contenus d'estomacs déversés à même les trottoirs. A la cité «La Montagne», dans la commune de Bourouba, les déchets qui n'ont pas été enlevés par les agents de l'APC au deuxième jour de l'Aïd sont restés sur place, dégageant ainsi des odeurs nauséabondes. En ces temps où les températures ne sont pourtant pas élevées, les mouches et autres insectes parasites ont trouvé un terrain propice pour proliférer. Dans le même quartier, des devantures d'immeubles récemment repeintes ont été tachées d'éclaboussures de sang difficilement détachable, à moins d'entreprendre d'autres travaux de peinture. Certains citoyens fêtent également l'Aïd dans les urgences des hôpitaux, qui sont pris d'assaut par des égorgeurs de moutons intrépides et manipulant sans dextérité aucune des outils qui peuvent s'avérer très dangereux. Au courant de la première demi-journée de l'Aïd, les structures hospitalières de l'Algérois ont dû recevoir un nombre impressionnant de personnes blessées, majoritairement au niveau des membres supérieurs. Au service des urgences de l'hôpital de Aïn Taya, la salle d'attente était pleine à craquer par des personnes venues se faire soigner suite à des blessures survenues lors d'égorgement des moutons.