A cette époque a été découvert, dans les ruines de la cité antique de Fostât, en Egypte, une très belle pièce de jacquard en tricot de soie à motifs figuratifs. Au XIIIe ou XIVe siècle, dans un couvent espagnol de la région de Burgos a été retrouvée une housse de coussin à motifs d'inspiration mauresque, sur lesquels on pouvait apercevoir des oiseaux et des figures géométriques.A l'orée du XVIe siècle, les Européens tricotaient la soie pour se lancer dans l'imitation des étoffes de brocard d'or et d'argent. D'autres vêtements de ce genre furent découverts en Espagne et dans le sud de la France. Il faut dire, qu'à cette époque, toutes les franges de la société se plaisaient à porter des bonnets, des chandails et des bas avec des motifs floraux et animaliers. Au XVIIe siècle, le jacquard est travaillé avec du fil d'or et de la soie. L'utilisation de plusieurs fils donne plus d'épaisseur au jacquard. Ce dernier devient chaud et lourd à la fois. Une tradition du jacquard s'installe dans les pays du nord de l'Europe. Les îles Féroé, ou encore la Norvège, ont inventé une série de thèmes et de tons combinés : façon singulière de mieux se singulariser. Dans les Balkans, les gros bas, que les hommes portaient dans de légères sandales en cuir, étaient tricotés en jacquard. La laine filée à la main était travaillée serrée, en motifs assez compliqués d'origine ancestrale. En 1589, l'invention de la machine à tricoter les bas, par l'Anglais William Lee, mit un frein à cette importante production artisanale. Néanmoins, le tricot continue d'être pratiqué à la manière traditionnelle en Europe, au Proche-Orient et en Amérique du Sud. Mais le véritable précurseur du métier du jacquard est sans conteste Joseph Marie Jacquard. Fils d'un tisserand de soie, ce dernier hérite de son père d'une petite entreprise de tissage. Il fait très vite faillite. La Révolution française marquera un arrêt temporaire aux expériences Jacquard. Celui-ci a combattu aux côtés des Républicains, mais dès la victoire remportée, il retourne à son travail. En 1801, il monte un métier à tisser. Il utilise une série de cartes perforées pour contrôler le modèle des fils de chaîne longitudinale déprimés avant chaque passage sur le côté de la navette. En 1812, il y avait 11 000 métiers à tisser Jacquard travaillant en France, et ils commencent également à apparaître dans d'autres pays. La croissance de l'utilisation du métier à tisser Jacquard, en 1820, a donné à l'industrie textile un formidable élan en Grande-Bretagne. En 1833, on dénombrait plus de 100 000 métiers mécaniques utilisés en France. Il y en avait 20 000 à la fin du XIXe siècle. Il est à noter que pour mettre au point sa machine, Joseph Marie Jacquard s'est inspiré de plusieurs autres inventions. Sa machine est une combinaison des aiguilles de Bouchon, des cartes de Falcon et du cylindre de Vaucanson. L' utilisation de la carte perforée constitue une avancée majeure. Cette dernière se décline sous la forme d'une carte, en bois ou en fer blanc, percée de trous que l'on passe dans la machine. Grâce à cette innovation, un seul ouvrier peut manipuler le métier à tisser, alors qu'il en fallait plusieurs auparavant. Cette nouvelle machine a été mal reçue par les ouvriers de la soie qui y voyaient une cause possible de chômage. Un métier Jacquard a même été brûlé par les Canuts en 1806, sur la place des Exécutions.