Il existe d'autres types de dentelles qui s'apparentent à la dentelle aux fuseaux, telles que le burato ou le reticella. Chaque pays, chaque région peut se targuer de posséder sa propre dentelle. Cependant, certaines dentelles n'ont pas d'identité nationale et ont été pratiquées dans de nombreux pays comme, par exemple, la dentelle au Torchon ou le Cluny. Au cours des siècles passés, les deux régions prédominantes de la production de dentelles, tant pour la renommée que la production, furent la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais. Au début de la révolution industrielle, ces deux régions ont fait la transition en passant par l'évolution mécanique. C'est en 1809, dans les environs de Nottingham, que John Heathcoat, un jeune mécanicien, inventa le premier métier à tulle composé d'un système à bobines et chariot. Le brevet fut rapidement déposé. Les Douanes françaises de l'époque ne permettaient pas le commerce avec l'Angleterre : cela n'empêcha pas pour autant l'exportation des métiers qui arrivèrent sur le sol français en pièces détachées et en toute illégalité. Saint-Pierre-Les-Calais fut la première ville (1809) à posséder un métier mécanique, suivie par Caudry en 1820. En 1830, un personnage répondant au nom de Leavers, eu l'idée ingénieuse de rassembler la technique Jacquard au procédé mécanique de Heathcoat, donnant ainsi naissance au métier à dentelle, donnant la liberté de réaliser tous les motifs imaginables. La dentelle était fabriquée par d'énormes machines pesant plusieurs tonnes, au vacarme assourdissant. Les ouvriers étaient dans l'obligation de porter des protections auditives. Ce changement marque aussi le passage de la dentellière aux mains agiles à l'ouvrier aux épaules robustes, car pour faire fonctionner de tels engins, une grande force physique était nécessaire. Dix-sept étapes faisant appel à dix-sept savoir-faire différents sont nécessaires pour passer de l'idée au produit fini. La Haute-Loire est également réputée pour sa dentelle française. Au XVIIIe siècle et au XIXe, elle est à son apogée : Elle occupe 120 000 personnes. Le point de départ est l'invention, en 1748, du métier à tresser, par Thomas Wadford, dont on trouve des traces postérieures en Allemagne. Le principe de fonctionnement consiste en un tressage en forme de tube d'un réseau de fils autour d'une âme de matière variable. Perrault de l'Aigle importa d'Allemagne en France la première de ces inventions en 1785. Il était question d'un métier à tresser composé de onze fuseaux que le français améliora à treize et dont il déposa le modèle au Conservatoire national des Arts et Métiers. Au XIXe siècle, l'industrie du passement était prospère mais la route encore longue pour atteindre les métiers définitifs. Si en 1880 c'est un allemand, M. Büshe, qui mit au point un métier à fils, c'est en France, en 1872, que Eugène Malhère, ingénieur à Condé sur Noireau dans le Calvados, invente le métier circulaire à dentelle équipé d'un appareil à disques. En 1886, il présenta le premier métier à tisser un fil qui prit part à l'Exposition universelle de 1889. le modèle fut déposé par ses fils le 11 mai 1894, sous le numéro 238 461. Certes, les deux types de métiers fonctionnent selon des principes différents permettant tous deux d'avoir une qualité de dentelle extrêmement fidèle aux modèles manuels et une finesse inégalée. Aujourd'hui, la dentelle est considérée comme une matière première achetée pour entrer dans la composition d'un produit fini. L''industrie du vêtement est le premier acheteur de dentelle où plusieurs maisons de hautes coutures s'approvisionnent. Les deux leaders mondiaux du marché de la dentelle, en l'occurrence, la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais ne doivent leur position que grâce à la renommée qu'ils ont su se bâtir dans le milieu de la mode.