Sur les 26 communes que compte la wilaya de Souk Ahras, seule une minorité d'assemblées élues a pu contenir ses clivages, ses échecs avérés et ses tiraillements entre édiles de la même municipalité. A quelques mois de la convocation du corps électoral, les maires gèrent le temps, tentent de combler leurs lacunes et autres incuries dans la gestion des dossiers lourds et redoublent leurs gestes d'amitié à l'adresse des services de sécurité et des responsables de l'administration locale. « Tout le monde a peur de l'après-mandat », nous confie un membre de l'APW qui a brossé un tableau peu reluisant de la gestion des communes. A Ouled Driss, un ex-élu de l'APC provoque un «tsunami» après avoir adressé des doléances multiples aux responsables locaux et centraux. Le parquet de Bouchegouf, dans la wilaya de Guelma, mène l'enquête et convoque les élus de ladite commune. Une série de procédures légales aboutiront à la chambre d'accusation de la cour de Guelma. Le résultat c'est H. Belgacem, le maire qui en parle en déclarant: «La chambre d'accusation, après avoir été sollicitée par notre avocat, a accepté notre recours concernant les démarches judiciaires. Nous exerçons nos fonctions au sein de l'exécutif communal sans entrave ni une quelconque décision judiciaire pouvant aller à l'encontre de nos activités». La hache de guerre est, toutefois, déterrée aussi bien du côté de l'exécutif communal que celui de l'élu déchu. A Heddada, commune distante de 43 km du chef lieu de wilaya, le maire, le vice-président de l'APC et deux autres élus démissionnent et disent leur décision irréversible. «Nous ne pouvons pas travailler dans un milieu hostile au milieu des menaces et de l'absence de coordination avec les autres services concernés par la prolifération des bidonvilles dans cette partie de la wilaya», nous disait le P/APC le lendemain de sa démission. La commune de Mechroha traversée depuis des mois par une vague de contestations trouve du mal à maîtriser les humeurs de la population juvénile, laquelle compte à son actif un nombre record de manifestations. Si ce n'est pas la RN16 qui est coupée, c'est le siège de la commune qui est pris d'assaut. Le logement, l'emploi et d'autres revendications sociales font souvent partie des griefs des protestataires. Le maire n'y voit que tentatives de déstabilisation d'une APC qui fait de son mieux et qui dialogue avec tout le monde. Du moins, c'est l'esprit de sa toute récente déclaration faite à El Watan, à l'occasion de la dernière contestation. A Aïn Zana, le siège de l'APC a été fermé aux élus en signe de protestation contre une gestion qui ne répond guère aux aspirations de la population locale. Le chef-lieu de la wilaya n'a connu la stabilité qu'en fin de mandat, notamment avec l'éviction d'un membre arrêté en flagrant délit de création d'un lieu de débauche où les candidates à l'emploi de jeunes et au filet social étaient sollicitées pour le troc du contrat de travail en contrepartie de leur charmante compagnie. Ce scandale qui avait fait le tour du pays en 2010, a minimisé du degré de nuisance des acolytes de l'élu exclu du poste par voie de justice. A H'nencha, à Safel El Ouidène, Ragouba, Lakhdara et plusieurs autres communes, des divergences autour de la gestion des affaires des cités, des contestations, des doléances collectives sont signalées. Il en est parmi les élus qui mettent le tout sur le compte des rivalités partisanes et du tribalisme qui est encore de rigueur à travers toute la wilaya de Souk Ahras. L'après mandat intervient dans un climat d'ouverture et de promesses de renouveau. Une assemblée «dûment» élue par le peuple risque, à tout moment, d'exercer pleinement ses prérogatives, l'ouverture d'enquêtes fiables, entre autres. L'après mandat a déjà commencé.