La wilaya de Souk Ahras n'a pas été épargnée par les contestations qui caractérisent depuis des semaines les différentes régions du pays, et ce sont les populations des communes rurales qui sortent, depuis seulement quelques jours, de leurs gonds pour contester la gestion de leurs communes. A Mechroha, des manifestants bloquent la route, demandant aux autorités locales plus d'attentions s'agissant du chômage patent qui sévit dans cette circonscription. Le maire promet: «Le problème des jeunes contestataires sera pris en charge.» Des situations similaires ont été signalées durant les deux dernières semaines à Khedara, Safel El Ouidène, Oum Laâdhayem, Sédrata, Tiffech et bien d'autres communes, où des citoyens sont montés au créneau pour revendiquer l'emploi, le logement, le désenclavement, mais surtout un meilleur accueil de la part des édiles de ces communes, voire dans certains cas, le départ de ces derniers. Vue par les partis, cette grogne est différemment expliquée. Pour Mahmoud Benlaboudi, cadre du RND et élu à l'APC du chef-lieu, le problème réside dans les prérogatives limitées des élus municipaux. «Le logement et l'emploi sont les deux revendications principales des citoyens. Or nos municipalités ne recrutent plus et n'attribuent plus de logements. Les citoyens, par contre, gardent d'anciens réflexes et croient en un temps où le maire gérait ces dossiers.» Toufik Abidi, secrétaire général du bureau de wilaya du MSP, a conforté l'opinion de notre premier interlocuteur, tout en fustigeant les élus des deux chambres qui, selon lui, «ont échoué dans leur mission qui consiste à transmettre les doléances des citoyens et à militer pour que l'élu local ait des prérogatives autres que celle de pompier ou de soupape de sécurité». Voici la version apportée par Mohamed Mechentel, chef de file du mouvement redresseur du FLN à Souk Ahras: «Ces contestations qui éclatent çà et là répondent, certes, à une situation générale et peuvent être expliquées dans le cadre d'une conjoncture un peu spéciale, mais nous ne pouvons occulter certaines vérités. Nous avons, à Souk Ahras des élus locaux qui ne savent pas dialoguer, ni transmettre les préoccupations des citoyens aux responsables administratifs qui, eux, sont en mesure de solutionner les problèmes de ces populations en concertation avec les élus.» Et d'ajouter: «Nos représentants aux deux chambres législatives sont en mal d'engagement. Ils ne viennent à Souk Ahras que si l'un des leurs est décédé.» A. Djafri