La crise du ciment perdure. Après une relative accalmie, le prix de vente sur le marché risque de grimper encore après les fêtes de l'Aïd, nous ont indiqué, hier, des revendeurs de ce matériau. Actuellement, le sac de 50 kg, lorsqu'il est disponible, est vendu 490 DA chez les revendeurs, soit 265 DA de plus que son prix d'achat à l'usine, qui se situe pourtant juste à côté. Les dépositaires avec lesquelles nous nous sommes entretenus renvoient la balle aux autorités concernées et aux gestionnaires de la cimenterie qui, d'après eux, « ne font rien pour cerner le problème et lui apporter les solutions adéquates ». « Nous sommes obligés d'acheter des bons d'enlèvement à la sortie de l'usine, au double de leur prix de cession, car l'ECDE a réduit considérablement notre quota mensuel ; elle ne nous livre que 20 tonnes, soit 400 sacs, qui sont vite raflés par les autoconstructeurs et même des entreprises de bâtiment », relèvent-ils. Et d'ajouter qu'une bonne partie du quota de la wilaya de Chlef est écoulée dans les autres régions du pays. Pour leur part, des cadres de l'entreprise désignent les revendeurs agréés qui, à leurs dires, ne respectent pas la marge de distribution et encouragent la spéculation sur ce produit stratégique. « Si nous avons réduit les quotas des distributeurs privés, c'est parce nous avons jugé utile de le faire pour des considérations purement économiques. La priorité dans la distribution va désormais aux chantiers des projets publics, tout en créant progressivement notre propre réseau de distribution », révèle une source de l'ECDE. Celle-ci, pour le cas de Chlef, dispose de l'Edimco comme partenaire privilégié qui respecte, dit-on, les clauses du cahier des charges. Les quatre unités de l'entreprise en question reçoivent mensuellement 9000 tonnes de ciment, dont le prix de vente est fixé à 310 DA le sac de 50 kg. La différence se passe de commentaire, ce qui explique le rush des autoconstructeurs sur ses points de vente. Cependant, la demande dépasse largement l'offre, d'où les files interminables de clients devant les guichets. Ces derniers rapportent que plusieurs chantiers, de l'habitat rural notamment, sont à l'arrêt du fait de la tension qui prévaut dans ce domaine. Rappelons que la cimenterie produit quotidiennement 7000 tonnes dont 34% sont réservés à la wilaya, selon des cadres de l'entreprise. Mais où va ce tonnage qui représente pas moins de 110 000 sacs ? Les autorités concernées observent uns silence étrange et laissent les choses prendre une dimension aux conséquences néfastes pour le développement de la région.