Les démolitions se succèdent à un rythme soutenu, au centre-ville de Aïn El Hammam, plongeant de ce fait de nombreux commerçants dans la précarité. Les réactions de ces victimes, consistant à saisir différentes instances, par voie de pétitions, demeurent des lettres mortes, exacerbant ainsi leur mécontentent. « Nous sommes face à un mur de silence, reléguant nos préoccupations au second plan. Ne disposant pas de locaux à attribuer, les autorités locales, se contentent de mettre à terre les bâtisses, sans même une promesse de recasement ou de prise en charge du problème social, induit par cette situation », affirment ces pères de famille qui n'ont d'autres ressources que celles qu'ils tirent de leurs petites boutiques. Bien que dans le fond, ils ne contestent nullement le bien fondé de cette opération qui, ils le reconnaissent, s'avère indispensable pour la sécurité de tous, les concernés s'élèvent plutôt contre la forme que prend leur expulsion. Comme leurs collègues délogés de la rue colonel Amirouche, les locataires des blocs Timsiline goûtent à leur tour à l'amer statut de SDF. La plupart d'entre eux ne savent pas de quoi sera fait demain. « Nous devons, du jour au lendemain, trouver de nouvelles occupations ou sombrer dans le chômage. Comme si la responsabilité des autorités s'arrêtait à la destruction des immeubles, jugés dangereux », indique un commerçant de l'immeuble Timsiline. Une trentaine de personnes viendront bientôt s'ajouter au bataillon de chômeurs qui hante les cafés de Michelet. Un drame pour ces gens qui voient le fruit de leur vie partir en poussière et leur fierté « en prendre un coup » avec le changement inévitable de rang social. Les immeubles jugés dangereux passeront inexorablement sous les coups de boutoir des engins de travaux publics comme ce fut le cas, il y quelques mois, pour les immeubles 14 et 15. Place nette vient d'être faite, en deux endroits, dégageant deux larges plates-formes avec une vue imprenable sur le Djurdjura. Les observateurs constatent que la ville est en train de reprendre sa configuration des années 1970, qui ont marqué Michelet par l'érection de bâtisses tout aussi lourdes, les unes que les autres. Jamais Aïn El Hammam ne serait arrivée au point où elle se trouve actuellement, si les adeptes du tout béton avaient pris soin de faire des études de terrain très poussées, avant de penser à ériger des tours qui, en fin de compte, n'ont fait que défigurer le paysage. Même si à la fin des années 1960, rien ne présageait d'une telle issue, certains indices, tel l'effondrement du marché couvert, alors qu'il était toujours en chantier, pouvaient être pris en considération. Les constructions antérieures à l'indépendance, ne dépassant pas une hauteur de deux étages, sont, paradoxalement, toujours debout. Pourtant la chaux hydraulique utilisée à l'époque est loin de rivaliser avec les bétons armés et autres matériaux modernes, utilisés actuellement dans la construction. Il est donc clair que le terrain sur lequel la ville de Michelet a été érigée est de nature instable. D'ailleurs certains documents, datant du siècle dernier, y feraient allusion. Une hypothèse que confirmait déjà une étude réalisée en 1972.