Un mouvement du sol a été constaté depuis quelques années sans pour autant susciter d'inquiétude chez les autorités concernées par la notion d'urbanisme mais aussi par manque d'expérience et de savoir en matière de topographie et de géomorphologie du terrain – au sein des premiers concernés, autorités locales et citoyens (dont des commerçants, locataires et propriétaires). “Nous avons été bernés il y a quelque temps lorsqu'on nous a fait ressortir un projet défiant presque la nature qui consiste à stopper définitivement le mouvement du sol l'été dernier”, dira un citoyen faisant allusion au bureau d'études hydro-environnement d'Algérie et Antea de France. Ces experts, après constat des faits en visitant les lieux et cette avancée du mouvement du sol accentué par les dernières intempéries ainsi que le poids des constructions, n'auraient pas jugé utile d'y remédier autrement que par une démolition des bâtiments concernés. Comme la situation ne fait que s'aggraver de jour en jour, la solution d'évacuer les occupants locataires et propriétaires s'impose presque in extremis. Trois bâtiments et non des moindres subissent le coup du marteau-piqueur. L'inquiétude gagne du terrain et la peur s'accentue au rythme des fissures qui s'ouvrent et de la chaussée qui s'enlise. Mais pourquoi avoir tout construit alors que les études de l'époque coloniale n'avaient suggéré qu'une construction réduite à un R+1 et à quelques mètres plus loin de cette zone ? s'interroge-t-on. Aujourd'hui, dans l'espoir de sauver des vies humaines au détriment de l'immeuble, l'opération de démolition est mise en place en extrême urgence ne donnant pas le temps aux premiers concernés de réfléchir à leur devenir. L'organisme national de contrôle technique de la construction du centre (agence de Tizi Ouzou), dans une lettre adressée au wali le 6 mai dernier, a réitéré sa recommandation de “démolition en toute urgence de tous les bâtiments classés en rouge selon la carte de risque élaborée par ce même laboratoire (Geomica)”, lit-on dans la lettre rendue publique. Par ailleurs, la même instance précise que d'autres zones classées orange et jaune pour des surveillances topographiques journalières, hebdomadaires et bimensuelles. Ainsi, voyant le risque d'une catastrophe, les services techniques ont procédé à la démolition des bâtiments 14, 15 et 19 (Cnep/APC). Aujourd'hui, le réseau routier de la périphérie de la ville est dans un piteux état au point où même la déviation est un calvaire pour les automobilistes. Le paramètre de sécurité implanté par les services a réduit la ville en une peau de chagrin et l'image de ruine et de désolation fait penser à la sinistrose. Toutefois, les commerçants et les locataires ou propriétaires habitant dans la zone concernée décident de monter au créneau pour revendiquer leur droit d'être pris en charge par les pouvoirs publics. Une réunion qui serait suivie d'une marche vers le siège de la daïra est prévue pour ce samedi. Ces commerçants se disent lésés et expriment leur mécontentement face à la manière de procéder. “Démolition précipitée sans leur concertation au préalable par les autorités”, dira un locataire. “Nous allons débattre du devenir de ces sinistrés délaissés au hasard, de leurs indemnisations et de leur recasement”, nous apprend-on. Un autre locataire insistera sur le fait d'ouvrir un volet relatif au dédommagement et à l'estimation raisonnable et réaliste des dégâts, car des pères de famille se sont retrouvés livrés à eux-mêmes sans aucune rente. “Si des vies auraient été sauvées d'éventuelles décombres, il faut nous épargner du danger d'autres sinistres relatifs à la prise en charge des familles par une allocation chômage conséquente et un recasement sur un site intéressant”, insiste-t-on. LIMARA B.