Le stress hydrique touche de nombreux foyers à Tigzirt. Beaucoup de familles l'ont vécu à leurs dépens durant la saison estivale. En effet, la rareté de ce liquide précieux dans les robinets des ménages peut durer des semaines, voire des mois dans certains quartiers. Principalement ceux du côté sud de la ville, à savoir la cité Zeghdoud, Cheurfa, le lotissement Est etc. La pénurie touche même certains hameaux à Tifra, Ouaroujène en particulier. Malgré la réalisation d'une station de dessalement à Tassalast, l'indisponibilité de l'eau perdure, obligeant nombre de citoyens à s'approvisionner en citernes tractables depuis Feraoun à raison de 1000 DA la citerne. Le ballet des tracteurs et autres camions aménagés pour la circonstance ne s'arrête pas durant toute la journée. Les files qui se forment autour de ces points d'eau causent parfois des désagréments aux automobilistes qui empruntent la RN24. Pour un ex-cadre à l'ADE, c'est plutôt la gestion de ce liquide précieux de la part de ceux qui en ont la charge qui fait défaut. Pour lui, « les capacités de la station de dessalement ne sont jamais exploitées au maximum ». Maîtrisant parfaitement les mœurs de notre administration, il se désole qu'on ait vite fait de sacrifier les forages de Sidi Naâmane qui alimentaient la chaîne côtière, communément appelée la chaîne MTI (Makouda, Tigzirt, Iflissen), et ce, avant même la mise en service du transfert de l'eau à partir du barrage Taksebt. En son temps déjà, la chaîne MTI connaissait des fuites qui ont considérablement ralenti son débit. Mais les responsables ont choisi la solution la plus facile, sans se douter que des populations entières souffrent le martyre. Malgré des travaux de réfection du côté de la Crête notamment, un autre problème a surgi, à savoir l'état lamentable des canalisations qui affecte le réseau de distribution. Vétuste, rongé par la rouille, « il est plus une passoire qu'un réseau ! », nous révélera un éleveur de bovins à Ouaroujène. En un mot, plusieurs citoyens s'accordent à dénoncer ce dilemme : « Pendant que les robinets sont à sec, les châteaux d'eau débordent. » Cet ex-cadre à l'ADE, sans vouloir tirer la couverture à lui seul, nous lance « avec un simple appel téléphonique, j'aurai de l'eau. Mais c'est indécent de ma part ». Plusieurs de ces citoyens rencontrés savent que s'ils ne font pas recours aux actions de rue, leurs doléances n'atteindront jamais les oreilles des responsables concernés. Comme cela a été fait par la population de Tifra, il y a deux ans. Ils demandent qu'une gestion rationnelle et responsable de cette source de vie soit faite. Et rien d'autre. Alimenter uniquement le centre-ville, et encore, ne signifie pas qu'il y a de l'eau à Tigzirt. Car en même temps, des milliers de foyers en sont privés. Nous recevant dans son bureau, le maire de Tigzirt exhibe des correspondances adressées aux différentes directions (ADE, DHW) « afin qu'elles accélèrent la prise en charge de ces pannes récurrentes et pourquoi pas la mise en place d'un nouveau réseau de distribution, y compris pour le village Tifra ». Il ajoutera que le budget de l'APC ne peut à lui seul supporter le poids des réparations des fuites d'eau.