La suppression par les pouvoirs publics du crédit automobile, l'introduction de nouvelles taxes pour les « grosses cylindrées », les poids lourds et les engins de TP contenues dans la LFC 2009, ne sont certes pas sans incidence sur le marché national de l'automobile. En y ajoutant la directive du ministre des Transports interdisant, dès le 1er octobre, le débarquement des véhicules depuis le port d'Alger et leur transfert vers les ports de Djendjen (Jijel), Mostaganem et Ghazaouet, il va sans dire, sans jeu de mots, que les concessionnaires ne sont pas « sortis de l'auberge » ainsi que leurs futurs clients. Enregistrant une évolution importante entre 2005 et 2008, le marché de l'automobile connaît, depuis juin dernier, une chute vertigineuse évaluée entre 25 et 30%. Les clients ne se bousculent plus comme avant chez les concessionnaires et les dernières directives du gouvernement ont considérablement pesé dans cette balance vers le bas, principalement celle interdisant le crédit automobile. Cela a privé des milliers d'Algériens d'un outil de transport personnel « sûr et propre » sous le fallacieux prétexte de « protection de l'industrie nationale ». Sauf que toutes ces directives ne sont pas sans incidence sur les postes d'emploi chez les concessionnaires ainsi que sur les prix des véhicules. D'ailleurs, on avance que plusieurs centaines d'emplois seront sacrifiés chez les importateurs de véhicules et que ces gens viendront « grossir » le rang des « hittistes ». Pour Mohamed Baïri, PDG du groupe Ival (Iveco, Fiat et Mazda) et président de l'association des concessionnaires automobiles d'Algérie (AC2A), les concessionnaires n'ont d'autre choix que de se conformer aux dispositions contenues dans cette directive. « Nous allons voir au niveau pratique ce que cela va donner, puis on verra », déclare notre interlocuteur. Notre vis-à-vis signale toutefois que la spéculation sur les prix des lots de terrain commence déjà à battre son plein à Mostaganem. « Le mètre carré à proximité du port est passé de 10 000 à 30 000 DA du jour au lendemain. Ce n'est pas normal et c'est inacceptable que des gens profitent de cette situation », se plaint le patron de l'AC2A. Notre interlocuteur tient toutefois à préciser que la direction du port de Mostaganem a dégagé, au profit des concessionnaires automobiles, 7 hectares pour le débarquement des véhicules alors que 11 autres hectares seront dégagés dans deux mois, ce qui est en soi important. Toutefois, ce port ne peut recevoir, comme nous l'avons indiqué dans nos précédents écrits, des cars-carriers du fait qu'il possède une configuration assez limitée avec le môle de l'Indépendance pour recevoir des navires ayant une longueur de 200 m et un tirant d'eau de 8,50 à 9 mètres. A une question sur l'augmentation des prix des véhicules, M. Baïri dira qu'ils pourront certainement connaître une hausse. « Les clients du centre du pays devront payer des frais supplémentaires liés au transport et à la logistique qui s'élèvent au minimum à 50 000 DA », déclare notre interlocuteur. Quant à la compression des effectifs au niveau de ses services, il précisera que rien n'est encore programmé « pour l'instant ». Pour Omar Rebrab, patron de Hyundai Motors Algérie (HMA), les nouvelles dispositions du gouvernement contenues aussi bien dans la LFC 2009 que dans la directive du ministre des Transports auront, à coup sûr, une incidence sur les postes d'emploi. « Certainement, il y aura des gens qui vont être remerciés, mais cela ne se fera pas immédiatement. Nous allons attendre et voir », dira-t-il. Notre interlocuteur affirme, cependant, que ces lois n'ont pas eu d'incidence sur les ventes de HMA. « Nous n'avons pas constaté une véritable chute dans nos chiffres de ventes par rapport aux mois précédents », affirmera Omar Rebrab qui précisera que les prix de ses véhicules ne vont pas connaître de véritables hausses. « Au contraire, il y aura des remises durant le Salon de l'automobile et nous avons déjà lancé une promotion sur nos différents modèles. » Même son de cloche chez le DG de KIA Motors Algérie. Abdelhamid Achaïbou précisera qu'aucune augmentation des prix des véhicules n'est à l'ordre du jour. « Nous n'avons pas encore décidé si nous allons augmenter ou non les prix de nos véhicules, mais ce qui est sûr, c'est que plusieurs personnes, celles travaillant dans le transit, la manutention, le gardiennage, seront licenciées au niveau d'Alger. » Notre vis-à-vis tient à préciser qu'il est incapable d'assurer un travail à ces personnes-là. « Nous ne pouvons pas assurer deux ou trois salaires ici à Alger, à Mostaganem et peut-être à Djendjen », se justifie notre interlocuteur. Quant au responsable de la communication de Falcon Motors, représentant exclusif de la marque japonaise Mitsubishi, son entreprise est au stade final des pourparlers pour l'acquisition d'un terrain à Mostaganem. Notre interlocuteur ajoute, par ailleurs, qu'aucun employé n'a été remercié alors que le volume des ventes a, selon lui, stagné ces derniers mois. Notre vis-à-vis dira qu'aucune hausse des prix des véhicules n'est programmée pour l'instant, mais que les directives du gouvernement vont se « faire sentir » dans les prochains mois. Falcon Motors compte, pour le Salon de l'automobile, lancer le 4x4 Pajero Sport, alors que le premier tirage au sort de sa tombola est prévu le dernier jour du Salon de l'automobile.