La ville de Debdeb, au sud-est de la wilaya d'Illizi frontalière avec la Libye, vit une rude tension depuis les affrontements qui ont opposé, le 9 septembre deux tribus, targuie et arabe, de Oued Souf, dans le quartier des 105 Logements. Les rivalités entre les deux communautés sont, certes, ancestrales, mais les événements ont évolué cette fois avec une rapidité telle qu'ils ont fini par déborder. Selon des témoins joints par téléphone, tout a commencé par une rixe entre jeunes des deux parties. Des blessés sont recensés des deux côtés, dont un, Ghdier Bachir (25 ans), de la communauté arabe, est grièvement touché. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et des renforts des deux communautés arrivent sur les lieux pour prêter main-forte aux jeunes. La rixe dégénère et se transforme en bataille rangée. Une dizaine de blessés sont recensés avant l'intervention de la gendarmerie, qui a procédé à de nombreuses arrestations parmi les jeunes meneurs. Ghdier Bachir est alors évacué vers Ghardaïa, dans un état critique. Des contacts sont alors entrepris pour ramener les deux communautés au dialogue pour mettre fin au climat de tension qui pèse sur la ville de Debdeb, d'autant que des informations font état de la venue en renfort de Touareg libyens d'Agades. Les unités de la gendarmerie et des garde-frontières sont alors renforcées et des patrouilles sur la bande frontalière sont multipliées, ce qui a permis l'arrestation de 11 Targuis libyens entrés clandestinement sur le territoire algérien. Les efforts pour ramener les deux communautés à la raison ont fini par aboutir, mais le calme précaire qui règne sur la ville est rompu par la nouvelle du décès de Ghdier Bachir, le 22 septembre à Ghardaïa, à la suite de ses blessures. Des tracts appelant à la vengeance sont affichés sur les murs clandestinement. Les affrontements ont repris, mais grâce à l'important dispositif de sécurité déployé dans la ville de Debdeb, la situation est vite maîtrisée. Cependant le climat était très tendu et électrique. Un rien pouvait remettre le feu aux poudre au cours deux jours durant lesquels des contacts sont entrepris pour pousser les notables des deux communautés à se réconcilier. Parmi les initiateurs de cette démarche, le sénateur Leknaoui qui a joué un grand rôle pour faire accepter à sa communauté targuie la réconciliation. Hier, la rencontre de la « moussalaha » a eu lieu en présence des autorités civiles et militaires de la ville. Les pourparler ont duré plusieurs heures avant que les deux parties ne signent l'accord de paix par lequel les Targuis s'engagent à livrer l'auteur de l'agression qui a coûté la vie à Ghdier Bachir à la Gendarmerie nationale. Les deux parties se sont entendu pour que tous les auteurs d'agression soient livrés aux autorités, avant de s'engager pour que le recours à la violence soit banni. En dépit de cette « réconciliation », le climat reste tendu et la crainte de nouveaux dérapages de la part des jeunes, lors de l'enterrement prévu aujourd'hui, pèse lourdement. Des renforts de gendarmerie sont arrivés en fin de journée pour parer à tout incident et éviter que les semeurs de trouble ne se faufilent parmi la population pour enflammer la ville. Le dispositif déployé autour et à l'intérieur de la ville est impressionnant, alors que la frontière avec la Libye reste étroitement surveillée par de nombreuses patrouilles de garde-frontières, renforcées par les unités des régions limitrophes.