L'entreprise de boissons gazeuses et sirops (EBGS) de Didouche Mourad, filiale du groupe boissons d'Algérie (GBA), est en arrêt total de production voilà presque une année. Dans l'incertitude quant à leur avenir professionnel, les travailleurs croisent les doigts et espèrent que l'entreprise reprendra ses activités. L'arrêt des activités de la filiale par la Société de gestion des participations (SGP) a été annoncé en octobre 2008, réalité amère qui a largement concouru à la détérioration du climat social, notamment avec le non-règlement des salaires des 94 employés depuis le mois de février à nos jours. Aujourd'hui, nul ne peut affirmer avec certitude s'il existe ou non une perspective de relance de la filiale, proposée en 1998, comme beaucoup d'autres entreprises du secteur public, à la privatisation. D'autant plus que le gel de tout investissement au motif d'éventuelles actions de privatisation a débouché sur un immobilisme caractérisé de l'outil de gestion et de son corollaire le management des affaires. Une perte considérable de larges parts de marché a, de ce fait, été enregistrée entraînant un grave déséquilibre financier qui a bloqué l'approvisionnement en matières premières. En outre, le recours au crédit n'était plus possible, sachant que la filiale avait déjà contracté une dette s'élevant à 200 MDA (millions) de centimes, perdant de ce fait sa crédibilité auprès des fournisseurs. Selon un rapport du GBA, daté du mois de novembre 2008, la seule solution envisageable serait de proposer la dissolution immédiate de la filiale et mettre fin à la situation d'attente qui prévaut depuis des mois, ou alors maintenir cette entreprise en activité pour la re-proposer à la privatisation, ce qui nécessiterait, est-il précisé, « une enveloppe financière pour son redémarrage et un budget de transition jusqu'à l'aboutissement de sa privatisation ». En effet, le collectif des travailleurs soutient que « son entreprise est capable de se redresser pour peu qu'il soit consenti un investissement et qu'il y ait un responsable prêt à relever le défi », surtout que l'EBGS possède une expérience appréciable dans le domaine des boissons gazeuses, ayant garanti durant plusieurs années un revenu décent à ses travailleurs et leurs familles. A l'heure actuelle, l'avenir professionnel de ces travailleurs est plus que jamais conditionnel et la situation se dirige inéluctablement vers le non-retour. L'on saura qu'un plan social entre les travailleurs et le directeur de la filiale est en phase de pourparlers à l'effet de réduire les charges de l'entreprise. La démarche a été initiée conformément à l'article 78 de la convention collective de la branche agroalimentaire qui stipule que « en cas de diminution ou de cessation d'activité ou de privatisation, un plan social est mis en place à la demande de l'une ou de l'autre des parties. Les modalités et indemnités y afférents sont fixées par accord collectif ». Toutefois, affirme un membre du syndicat, « le processus a été brusquement bloqué pour des raisons qui sont restées indéterminées ». A vrai dire, « c'est l'incertitude qui fait mal aujourd'hui », nous le voyons bien sur le visage des travailleurs, dont chacun d'entre eux se pose la question : « Dois-je chercher un autre travail pour nourrir ma famille ou est-ce que je reste à l'EBGS ? » En tout état de cause, il a été constaté une grande solidarité de la part des responsables municipaux avec ces employés auxquels il a été distribué des couffins du Ramadhan ainsi que des trousseaux scolaires, en attendant des jours meilleurs. Contacté par téléphone, Larbi Hani, PDG de la filiale, nous a déclaré qu'il n'y a aucune perspective de relance de l'EBGS, « car l'entreprise souffre de plusieurs problèmes déterminants l'empêchant de se remettre sur les rails, entre autres ceux de la vétusté des équipements, de l'endettement et de la non-qualification du personnel ». Néanmoins, notre interlocuteur nous fera savoir que pour sauver la filiale, « soit on procède à sa privatisation, soit à l'investissement, avec un plan d'action qui exigera le départ d'une large partie des travailleurs ».