Les travailleurs de l'Entreprise de production des boissons d'El Harrach (EPBH) crient à l'abandon. Depuis plus de 11 mois, les 152 employés n'ont pas perçu leurs salaires en raison, s'emportent les représentants de la section syndicale, de la décision de l'administration de cette filiale du Groupe boissons d'Algérie (GBA) d'assainir la situation financière de cette unité. Les employés de l'ex-brasserie d'El Harrach sont démunis de toute ressource pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Mis a part les salaires du mois de juillet et août 2006 ainsi que des « avances », les 152 travailleurs se sont retrouvés sans salaires depuis octobre 2005. « Déjà avec des salaires réguliers, notre pouvoir d'achat reste très bas. Quelle situation peut-on envisager sans salaire du tout, tonnent ces travailleurs. Nos collègues sont réduits à quémander dans les cimetières alors que ceux qui habitent dans les autres wilayas n'ont même pas de quoi payer les frais de transport, mais qui s'en soucie ? », lancent-ils. Cette filiale du GBA ont été inscrite sur la liste des entreprises privatisables depuis août 1998. » La Société de gestion des participations « conserves-jus et boissons » SGP/COJUB avait lancé à cet effet un avis d'appel à manifestation d'intérêt national et international pour la cession totale ou partielle des titres sociaux d'une, de plusieurs ou de la totalité des quatre brasseries du Groupe boissons d'Algérie (GBA) ; celle d'El Harrach était dans le lot. Concernant d'ailleurs le dossier de privatisation, les travailleurs ont accueilli avec beaucoup de soulagement cette procédure, bien que le partenaire social ne fut pas associé surtout « pour parler des arriérés de salaires », lesquels devaient être à la charge du repreneur. Toutefois, le contrat de cession pour le compte de Flash, devant être signé en septembre 2006, fut ajourné. La raison en est le paiement des créances qui tarde à venir. Les services du ministère des Finances avaient exigé des clarifications sur les créances des années 2002, 2003 et 2004, s'élevant à 14 milliards de centimes. Le nouveau directeur, « véritable liquidateur », soutiennent les syndicalistes, a reçu mission, lit-on, dans un procès-verbal d'« amener l'entreprise à un niveau acceptable en vue de sa privatisation éventuelle ». Le directeur de l'unité a proposé le chômage technique mais la décision a été refusée par les représentants des travailleurs qui veulent un règlement plus rapide des arriérés de salaires. Plusieurs plans d'actions et de redressements, auxquels la direction avait accordé à chaque fois les financements nécessaires, ont été engagés. L'entreprise était en bonne santé financière, assurent les travailleurs. Depuis sa filialisation entamée en vue de sa privatisation, l'unité était leader du GBA. L'ex-brasserie d'El Harrach a fait des résultats dépassant les 220 millions de dinars de bénéfices alors que pour la seule année 2004, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 100 millions de dinars. Cependant, la production s'est arrêtée en juin de l'année dernière. De plus, ce qui n'a pas manqué d'intriguer le partenaire social est « la cession et la vente de tous les biens ». En visite sur le site de quelque 4 ha, « l'on ne peut qu'être surpris car des équipements ont été cédés à nos autres filiales sous prétexte de payer les créances de l'entreprise dépassant 14 milliards. D'autres équipements plus fragiles et ayant coûté des milliards à l'entreprise rouillent à vue d'œil », assure l'un des syndicalistes en qualifiant le travail de l'administration de « bradage d'un patrimoine de plusieurs milliards ». Le secrétaire général du GBA et le président du Directoire n'ont pas daigné nous répondre. Une voix au téléphone nous assure, néanmoins, que les filiales du groupe sont déficitaires et « méritent pareil sort ».