Hier matin, alors que je m'apprêtais à rejoindre mon lieu de travail, je me frayais un chemin au milieu d'une cohue de chérubins. Mon regard fut éveillé par une écolière, éprouvée par l'effet de son lourd sac à dos. J'engageais une sympathique discussion avec Wafa, dont les frêles épaules ployaient quasiment sous la charge de son fardeau d'objets scolaires. Je partageais quelques pas en sa compagnie, histoire de la soulager de son sac volumineux qu'elle traînait le long d'un trottoir cahoteux. Ses camarades, eux, trimballaient un sac à dos avec roulettes ou des cartables pleins à craquer.Tellement pesantes étaient leurs « besaces » que je les confondais au lest porté par les amateurs de l'escalade de montagne. Cela ne me rappelait pas moins aussi les charges pesantes greffées au dos des bidasses qu'on aguerrit dans les champs d'entraînement. Un véritable supplice pour ces tronches joyeuses de sept ou huit ans ne pesant pas plus de 25 à 30 kg et dont l'épine dorsale est mise à rude contribution par le cartable de plomb. Bien qu'il n'existe pas de réglementation en la matière, faut-il souligner à juste titre que la limite conseillée par les scientifiques en matière de poids d'un cartable se situe autour de 10% du poids de l'enfant ? Ce qui n'est pas le cas lorsque nous croisons des bambins tractant une surcharge de manuels scolaires et de cahiers. Ils arrivent vannés avant la levée des couleurs. Résultat de la course au terme de quelques années : déformation du squelette, déséquilibre dans la marche, compression respiratoire. Sans oublier les douleurs qui se révéleront plus tard lorsqu'ils deviennent adultes. Sommes-nous à court de solution pour permettre à ces angelots de laisser dans leurs classes le gros de leur kit scolaire et éviter, subséquemment, de leur infliger journellement un tel « châtiment » ? Autrefois, nous disposions de casiers dans nos classes et nous n'étions pas contraints, pour les besoins de nos cours, de nous plier à toute cette punition. L'emploi du temps bien concocté par les pédagogues et leur bon sens nous épargnaient bien de traîner un fardeau inutile. Mais cela est une autre question, nos responsables de l'éducation ont du grain à moudre avec la disponibilité et les nuances de couleurs de tabliers.