Trois individus ont été présentés hier au parquet de Ziadia, près la cour de Constantine, pour constitution de bande de malfaiteurs et vol sous menace, alors que cinq autres ont été inculpés pour recel dans la même affaire. Rien de plus banal dans les registres de la chronique judiciaire si ce n'est que des cerveaux délicats ont chargé les noms des victimes pour éviter ou du moins altérer les effets d'un scandale de trop qui vient ternir l'image de la police. Il y a une semaine, la presse locale a fait ses choux gras avec l'information selon laquelle le chef de sûreté de wilaya avait été agressé par des délinquants, alors qu'il était en présence du fils du ministre des Moudjahidine. Toutes les forces de police ont été mobilisées pour arrêter les délinquants et 120 personnes ont été arrêtées dans des rafles qui ont suivi immédiatement l'agression. Du jamais vu, nonobstant la situation d'insécurité totale qui frappe Constantine à l'instar des autres grandes villes algériennes. D' importantes forces de sécurité mobilisées Le fait divers, surprenant en soi, avait soulevé d'emblée moult interrogations et ses ingrédients ont alimenté à volonté une vox populi qui reprenait des versions plus ou moins différentes mais identiques sur l'essentiel, à savoir l'identité des victimes. Le lendemain, la DGSN s'est fondue dans un démenti, dans lequel il apparaît que l'unique victime R. R. est en fait un homme de 70 ans qui a été délesté d'une somme en devises et de son téléphone portable. Témoin de la scène, le chef de sûreté aurait intervenu et s'est blessé à la main gauche en voulant porter secours à la victime. Cette version tirée par les cheveux a été reproduite hier à l'occasion d'une conférence de presse tenue par le chargé de la communication au siège de la sûreté de wilaya. Selon le conférencier, B. C., 23 ans, M. B., 19 ans, et B. A., 20 ans, les trois auteurs présumés de cette agression, ont été identifiés sur la base du signalement donné par la victime. Rien de plus faux, car les agresseurs ont été identifiés d'abord par un cambiste de la place de la Brèche qui a racheté les 2000 euros volés au fils du ministre. Une chose est sûre, ce dernier a été éloigné d'emblée de l'enquête tout comme le chef de sûreté, Mohamed Moumen, dont le nom a disparu comme par enchantement de l'instruction. La version de la police ne convainc pas Pourtant, les agresseurs qui ont reconnu les faits soutiennent, apprend-on de source sûre, qu'ils n'ont pas agressé une, mais deux personnes. Le scénario présenté par la police prête le flanc à plusieurs répliques et ne convainc personne. Les effectifs investis dans l'enquête et la célérité avec laquelle les résultats ont été réalisés n'ont pas d'égal quand il s'agit du simple quidam. Par ailleurs, les interrogations soulevées par la presse comme dans les chaumières restent sans réponse. Ahmed Boussaid, Nouri N.