Le gouvernement algérien est appelé à établir un climat des affaires « stable et prévisible » et instaurer « clarté et transparence ». C'est le message qui ressort de la conférence de presse tenue hier au siège de l'ambassade des Etats-Unis, à Alger, par Paul Burkhead, directeur des affaires commerciales pour l'Europe et le Moyen-Orient et membre du bureau du représentant américain au commerce USTR, faisant office de ministère du Commerce extérieur, lié directement à la Maison-Blanche. Présent en Algérie pour une visite officielle, Paul Burkhead a fait part dans ses entretiens avec des membres du gouvernement, des « préoccupations soulevées par des sociétés américaines du secteur privé » suite à la promulgation de la très contestée loi de finances complémentaire. « Leurs préoccupations sont multiples et notamment liées à la façon dont le gouvernement algérien a mis en œuvre des mesures de la loi de finances complémentaire sans consulter les partenaires économiques », indique le responsable américain, qui regrette que ladite loi soit mise en œuvre sans consultation et sans avertir. « Cette loi a créé une confusion. Les entreprises n'ont pas eu le temps de se préparer à ces nouvelles dispositions. Lorsqu'une compagnie décide de faire des affaires, elle doit connaître les lois et règlements avant leur mise en vigueur. Donc, le message que les entreprises américaines m'ont demandé de transmettre aux autorités algériennes est celui d'expliquer l'importance d'avoir des consultations par souci de transparence et rendre le climat des affaires plus accueillant », souligne M. Burkhead. Evoquant les principales griefs retenus par les sociétés américaines, le même responsable précise que pour le cas des investisseurs, c'est la mesure concernant l'obligation d'actionnariat majoritaire pour l'Algérie qui est décriée. « Beaucoup de compagnies américaines aspirent toujours à avoir la majorité des parts dans leurs investissements à l'étranger. Elles sont même incapables d'investir dans un environnement de minorité d'actions. » Pour ce qui est des partenaires économiques, le responsable américain relève la mesure sur le rapatriement des bénéfices « l'objectif de tout investisseur c'est de faire des recettes et les rapatrier », précise-t-il. Ceci et d'annoncer que suite à la promulgation de la nouvelle loi, des sociétés américaines ont reconsidéré leurs plans d'affaires en Algérie, « beaucoup d'hésitations ont été exprimées par des sociétés, qu'il s'agisse de celles déjà établies en Algérie ou d'autres qui aspiraient à le devenir. Je sais que des sociétés réfléchissent maintenant avant de venir investir en Algérie et d'autres revoient leurs projets qui existent déjà. Certaines ont décidé d'ajourner leurs projets jusqu'à ce que les choses soient claires. D'autres sont désireuses de venir mais pas tant qu'il y a un manque de transparence », indique Burkhead. Ce dernier, qui a eu pour interlocuteurs officiels lors de sa visite, les ministres de l'Industrie, des Finances et du Commerce ainsi que le secrétaire général du ministère de la Santé, a estimé avoir perçu une réceptivité de la part de ses interlocuteurs quant aux préoccupations exprimées et indique avoir reçu la garantie de leur part de poursuivre le dialogue pour ôter tout obstacle à l'investissement. Paul Burkhead, qui rappelle que les Etats-Unis soutiennent l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, souligne que ses remarques émises sur la création d'une concertation avec les partenaires économiques qu'ils soient étrangers ou nationaux, n'est pas une ingérence dans les affaires internes de l'Algérie. « Aux Etats-Unis, nous nous concertons avec tous ceux qui sont concernés par nos lois. Et ce sera une chose bénéfique pour l'Algérie que d'adopter le même procédé. »