Evoquant en premier lieu sa rencontre avec les sociétés américaines, Paul Burkhead indiquera qu'elles lui ont exprimé “des préoccupations”. Les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 ne sont pas du goût de Washington. C'est le directeur des affaires commerciales pour l'Europe et le Moyen-Orient du bureau du représentant américain au commerce (USTR), Paul Burkhead, qui s'est chargé de le faire savoir hier aux autorités algériennes. En visite de travail de deux jours en Algérie, le responsable américain, qui a animé hier une conférence de presse au siège de l'ambassade à Alger, a expliqué que la première journée de son séjour a été consacrée à écouter les sociétés privées américaines et la seconde aux discussions avec le gouvernement algérien. Evoquant en premier lieu sa rencontre avec les sociétés américaines, Paul Burkhead indiquera qu'elles lui ont exprimé “des préoccupations” en rapport avec les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 adoptées le 22 juillet en Conseil des ministres. “Ces préoccupations ont trait à la façon dont le gouvernement a élaboré les récentes dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009”, explique-t-il en ce sens que cette loi “mise en œuvre sans concertation est entrée en vigueur en prenant au dépourvu les parties qui sont concernées”. “Quand une compagnie prend une décision d'affaires, elle doit comprendre le règlement avant qu'il ne soit en vigueur”, dit-il avant de noter que dans le cas des entreprises privées avec lesquelles il s'était entretenu “beaucoup ont indiqué qu'elles ont été prises de court”. Interrogé sur les dispositions de la LFC 2009 qui posent problème pour les sociétés américaines, l'intervenant expliquera que cela “dépend de la nature de l'activité exercée par les compagnies : il y a des sociétés désireuses de s'installer qui ont exprimé une préoccupation par rapport à l'exigence d'avoir un partenaire algérien avec 51% des parts. Il faut savoir que le modèle de gestion de ces sociétés qui ont travaillé dans plusieurs pays au monde est de détenir la majorité du partenariat”, dit-il. “D'autres sociétés sont préoccupées par l'exigence du rapatriement des recettes”, note-t-il, avant de faire observer que “l'objectif de tout investissement est de faire des recettes et de les prendre chez soi. Être incapables pour des compagnies de faire cela les préoccupe”. Et de noter : “Il y a des sociétés d'importation qui ont l'intention de changer de siège. Elles se posent des questions, elles n'ont pas eu de réponse, elles ont donc décidé d'ajourner leur décision.” “Beaucoup d'hésitations sont exprimées par ces sociétés qui soulèvent le manque de transparence et de clarté dans l'élaboration des lois bien qu'elles disent qu'il y a des opportunités d'affaires en Algérie”, fera-t-il encore observer dans la foulée. Le responsable américain évoquera en outre un message transmis par ces entreprises au gouvernement algérien. “Elles lui demandent de la transparence avant l'élaboration des lois pour rendre le climat des affaires plus attractif et transparent”. À la question de savoir qu'elle a été la réponse des membres du gouvernement (ministres des Finances, du Commerce et le secrétaire général du département de la Santé) algérien aux sollicitations des entreprises privées, l'hôte de l'Algérie dira que “le gouvernement algérien s'est montré très réceptif aux préoccupations des entreprises américaines, les autorités nous ont dit qu'elles ne veulent pas d'obstacles aux investissements. Le gouvernement a dit qu'il va poursuivre le dialogue pour résoudre les questions”. Et d'expliquer : “Il est important pour le gouvernement algérien de consulter les différentes parties concernées par les lois avant leur élaboration. Aux USA, avant de promulguer une loi, on la rend publique pour accueillir des observations qu'on prendra en considération pour son enrichissement et les sociétés privées qu'on a rencontrées nous ont dit que le gouvernement algérien gagnerait à suivre ce processus”. Ces critiques sont-elles une ingérence ? “Ce n'est pas de l'ingérence : aux USA avant d'élaborer des lois, on consulte même des gouvernements étrangers quand ils sont concernés par la problématique”, répond-il. Interrogé dans ce cadre sur les investissements américains hors hydrocarbures, Paul Burkhead reconnaîtra leur faiblesse. Quant au climat des affaires en Algérie, l'intervenant dira qu'“il existe certains problèmes et il y a même le rapport de la Banque mondiale qui a mis en évidence ces problèmes”.