Organisé avec le parrainage et le soutien de l'Assemblée communale d'Oran, il reste un des exemples les plus probants de partenariat intelligent et productif entre une association culturelle et sa municipalité, un exemple bien rare dans notre pays, faut-il le souligner, où les élus, hélas, ne s'intéressent généralement pas à l'action culturelle, prétextant l'importance des problèmes matériels qu'ils doivent résoudre, quand ils pourraient simplement laisser le champ libre à des associations qui ne demandent qu'à s'épanouir et s'exprimer, sans grands frais souvent. A Oran, l'APC est même allée jusqu'à confier l'animation de bibliothèques municipales au Petit Lecteur qui intervient aussi en milieu scolaire et hospitalier. Ainsi est née et a grandi une expérience formidable de promotion de la lecture auprès des enfants et même des jeunes, Le Petit Lecteur étant amené à répondre à une demande plus importante qu'on ne le croit souvent et, qu'en tout cas, l'association s'emploie à susciter. La capitale de l'Ouest indique ainsi une voie possible et nécessaire d'utilisation de l'action culturelle dans le développement de l'animation urbaine. Le Festival du Conte est en fait l'apogée annuelle d'une activité de fourmi que les bénévoles du Petit Lecteur déploient constamment au service du livre et de l'épanouissement culturel des jeunes générations. La manifestation permet de rendre visible ce travail de proximité et, surtout, contribue à régénérer la pratique vivante du conte que la vie moderne a relégué aux oubliettes alors qu'il a joué, durant des siècles, un rôle multiple : culturel, éducatif, social, et même historique quand il s'agissait de lutter contre l'occupation coloniale (lire article ci-après). Cette année, comme à l'accoutumée, le Festival du Conte se répandra dans la ville, semant ses «paroles voyageuses» dans les écoles, collèges, espaces culturels, instituts et associations partenaires du Petit Lecteur. Placée sous le thème «Si Oran m'était contée…», la présente édition, en plus de sa dimension nationale et internationale, s'attachera à vivifier la pratique du conte à Oran. Après-demain, à 18 heures, l'inauguration au siège de l'APC, gardé par ses deux fameux lions de bronze, permettra aux conteurs algériens d'accueillir leurs pairs venus d'autres pays d'Afrique et du pourtour méditerranéen. Mardi 13, l'Ecole supérieure de l'enseignement technique de l'Université d'Oran accueillera des représentations de contes (9h30), de même que le Théâtre régional Abdelkader Alloula (17h). Idem pour le mercredi 14 avec des représentations à l'Institut français (ex-CCF, à 15h) puis des causeries avec les conteurs au café-restaurant Le Loft (17h) avant le spectacle Trois femmes à la mer de Liuba Scudieri et Davide Chimenti au Conservatoire Ahmed Wahbi, en partenariat avec l'association Fard. Le lendemain, jeudi 15, les Bains turcs de Sidi El Houari accueilleront d'autres représentations, en partenariat avec l'association Santé Plus Sidi El Houari (9h30). Toujours dans ce quartier, à la bibliothèque Jeunesse du Petit Lecteur, un hommage sera rendu à l'écrivaine et conteuse, feue Catherine Gendrin, une des premières à avoir soutenu le festival, à travers la lecture de ses textes (15h). Au même moment, le Conservatoire Ahmed Wahbi se fera la scène de la chorégraphie «Tentative/Tentation» à (15 h) avant la «Nuit du Conte» destinée aux adultes à l'Institut français (18h). Enfin, vendredi, dès 10h, ce sera le moment de la «Balade contée» à travers le Jardin Ibn Badis (ex-promenade Létang) en partenariat avec l'association Bel Horizon. A 15h, des conteurs iront à la rencontre des enfants hospitalisés, en partenariat avec l'association Smile, tandis qu'au même moment, le dernier acte du Festival s'épanouira dans la Roseraie de la rue Mohamed Khemisti. Signalons enfin que la participation des conteurs s'étale de la Côte d'Ivoire au Liban, en passant par l'Italie, la France, la Tunisie et le Congo-Brazzaville avec, bien sûr, une participation algérienne étendue dont les jeunes conteurs oranais formés durant l'atelier de la dernière édition. Comme l'affirme Zoubida Kouti, initiatrice et directrice du Festival, l'une des chevilles ouvrières du Petit Lecteur : «Que chacun soit guidé par son inspiration et l'envie du jour !». Pas de meilleure conclusion.