Les concessionnaires automobiles inaugurent cette année la 13e édition du Salon international de l'automobile d'Alger avec un handicap de taille résultant de la suppression du crédit à la consommation décidé dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Hier, dans les allées du Salon abrité par la Safex, les concessionnaires que nous avons interrogés ne cachent pas que la mesure, appliquée de façon immédiate et inattendue, les a pris par surprise et risque d'influer sérieusement sur leurs ventes en Algérie. C'est notamment vrai pour les cinq principaux concessionnaires qui réalisaient jusqu'à présent une part importante de leurs ventes aux particuliers grâce au crédit. Ce sont ainsi quelque 25 à 30% de parts de marché qui sont compromises et qu'il sera certainement difficile de récupérer par le biais des promotions et autres remises que les constructeurs pourraient accorder. Du côté de Toyota, on écarte l'idée d'un crédit direct aux particuliers pour pallier la suppression du crédit bancaire. Pour Didier Yver, général manager chez Toyota, « il n'est pas question de se substituer aux organismes financiers. Ce n'est pas notre métier ». M. Yver précise que de toute façon, « cela ne plairait pas au gouvernement » qui a pris la décision d'arrêter le crédit à la consommation pour diminuer les importations de véhicules. Il nous indique que « le coup est rude » pour Toyota et insiste sur le fait que la perte sera difficile à compenser. « 25% des ventes seront perdues », précise le représentant de Toyota, qui se félicite par ailleurs d'avoir une bonne clientèle intéressée notamment par le pick-up Hilux qu'achètent des agriculteurs ou autres professionnels sans recours au crédit. « C'est une bouffée d'oxygène pour nous », avoue M. Yver. Pour séduire sa clientèle, Toyota a choisi, à l'occasion du Salon, d'offrir des promotions : des remises allant jusqu'à 150 000 DA sur certains modèles, une année d'assurance tous risques, une alarme certifiée et un service performant d'assistance en cas de panne, de perte de clés et autres. M. Yver, qui vante la robustesse des Toyota, estime que peu de remises sont possibles sur les prix qui reflètent la valeur des véhicules. Toyota cible donc une classe de clients plus « aisés » et ceux dont les revenus permettent une épargne suffisante pour l'achat d'un véhicule. Tous ceux qui ont besoin absolument du crédit pour aspirer à l'achat d'une voiture sont donc d'ores et déjà exclus. « Même si on avait la possibilité de faire un crédit, nous n'aurions aucune garantie », nous dit encore notre interlocuteur. Du côté de Peugeot, on mise également sur les promotions à l'occasion du Salon pour attirer une clientèle supplémentaire. A défaut de crédit qui représentait environ 25% de ses ventes, la marque au lion tente donc de fidéliser les Algériens, déjà très attentifs à la marque, en présentant des nouveautés et en offrant, à l'occasion du Salon, des avantages susceptibles d'intéresser les clients. A propos d'un bilan concernant l'impact de la suppression du crédit à la consommation, Mme Mansouri, chargée des relations avec la presse à Peugeot, estime qu'il est prématuré de quantifier la baisse des ventes, surtout en cette période (août-septembre), traditionnellement caractérisée par une stagnation. Dans le stand de KIA Motors, qui couvre environ 6% du marché, on nous dit également que l'impact de la disposition de la loi de finances complémentaire est difficile à chiffrer pour l'instant. M. Achouri, chargé de communication à KIA, nous explique tout de même que l'impact sera certainement palpable étant donné que la marque écoulait 30% de ses véhicules « grâce au crédit ». Du côté de Citroën, l'ambiance est un peu plus zen. Sofiane Touaibia, directeur du marketing, nous fait remarquer avec le sourire que la clientèle de la marque – qui détient quelques 12% du marché – a la particularité de faire dans le moyen et le haut de gamme et compte donc parmi sa clientèle une classe aisée, qui se passe du crédit pour l'achat d'un véhicule.