Les temps sont devenus durs pour les concessionnaires automobiles. Les années euphoriques, qui ont vu une explosion des ventes des voitures stimulées à fond par les crédits à la consommation, laissent place, désormais, à des années de vaches maigres. Les nouvelles dispositions visant à réguler cette activité pleuvent au grand dam de l'association des concessionnaires algériens (AC2A). L'association a subi un nouveau revers après la décision du conseil interministériel d'interdire la réception des véhicules importés au niveau du port d'Alger à partir du 1er octobre prochain. Les doléances des concessionnaires pour un report de cette décision jugée «contraignante» n'ont finalement pas eu un écho favorable. L'annonce faite par le ministre des Transports, Amar Tou, qui a exclu tout report ou prolongation de la date butoir de cette disposition va compliquer davantage les problèmes des concessionnaires. La suppression du crédit véhicule décidée dans le cadre de la Loi de finances complémentaire 2009 (LFC) s'est vite répercutée sur les importations de voitures, chutant de 21,01% en 2009, 131,26 millions de dollars contre 166,17 millions de dollars en août 2008, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS). La vente des véhicules a également reculé en raison de la hausse des prix annoncée récemment par les concessionnaires suite à l'interdiction de la réception des véhicules au niveau du port d'Alger. Les concessionnaires devront répliquer des majorations entre 4 et 5% sur les prix de véhicules neufs à partir du 1er octobre suite à l'interdiction de décharge des voitures importés au port d'Alger. C'est dans ces conditions spécifiques que la 13ème édition du Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA) devra ouvrir ses portes, aujourd'hui, à la Safex. Le Salon international de l'automobile d'Alger, qui se tiendra entre le 30 septembre et le 10 octobre prochain, verra la participation d'une soixantaine d'exposants représentants 39 concessionnaires. La veille du lancement de ce rendez-vous annuel, les observateurs estiment que cette édition aura de grandes difficultés pour atteindre les performances des éditions précédentes en matière de vente de véhicules, la suppression du crédit à la consommation ayant annihilé tous les espoirs des concessionnaires. Comment séduire les potentiels acheteurs sans aucune facilité de paiement et avec des prix revus à la hausse? Les acheteurs ne vont certainement pas se bousculer sur les stands de ce Salon. D'ailleurs, les ventes de voitures qui avaient connu, ces dernières années, une croissance à deux chiffres, se sont essoufflées sous les coups des dernières mesures décidées par le gouvernement, à commencer par la taxe automobile et la suppression du crédit bancaire. Le gouvernement prévoit d'autres nouvelles restrictions qui risquent également de réduire comme une peau de chagrin les ventes de véhicules en Algérie. Les concessionnaires pourront-ils inverser cette tendance en enregistrant des ventes durant le Salon? Le pari est difficile à tenir. Les observateurs affirment que son un retour de la formule du crédit à la consommation, les ventes de voitures neuves ne pourront jamais décoller. Le faible pouvoir d'achat des Algériens demeure le premier obstacle pour les concessionnaires qui, malgré les promotions spéciales de 10 ou 20 millions de centimes, ne pourront jamais séduire la classe moyenne. Il est à noter que l'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) avait écarté, mi-septembre, toute possibilité de retour du crédit automobile sans une participation des banques et des établissements financiers. Le vice-président de l'AC2A, Mourad El Oulemi, avait déclaré qu'accorder des crédits automobiles n'est pas la vocation des concessionnaires. «Notre vocation première est de vendre et d'assurer le service après-vente des marques qu'on représente. La vente par crédit est la spécialité des banques et des établissements financiers» a-t-il précisé. Il avait ainsi mis fin sur des informations sur l'existence d'un débat au sein de l'association des concessionnaires autour d'un éventuel retour au crédit automobile. Selon lui, aucune proposition n'a été faite dans ce sens. «Même le paiement échelonné n'est pas possible car nous sommes obligés de facturer chaque véhicule vendu et nous acquitter de nos obligations fiscales dans des délais brefs sous peine d'amendes » a-t-il conclu.