C'est aujourd'hui que s'ouvre à Paris le procès du journaliste de Canal+, Jean-Baptiste Rivoire, pour « violences volontaires préméditées » contre la personne de Didier Contant. Il est accusé d'avoir poussé ce dernier au suicide dans l'affaire dite des « moines de Tibhirine ». Les moines, vivant dans un monastère situé dans la région de Médéa, avaient été enlevés par le GIA dans la nuit du 26 au 27 décembre 1996. Ils seront exécutés environ deux mois plus tard, mais on ne retrouvera que les têtes des 7 religieux. Alors que le GIA, dirigé par Djamel Zitouni, revendique l'assassinat des moines, une violente campagne est déclenchée en France par les partisans du « qui-tue-qui ? » qui veulent faire croire que le GIA est une création de la Sécurité militaire et que l'armée algérienne est derrière les massacres de civils. Le lobby anti-algérien s'est mobilisé de façon extraordinaire en France pour fragiliser davantage une Algérie déjà très déstabilisée par le terrorisme. Didier Contant refuse de jouer ce jeu. Il mène sa propre enquête et arrive à la conclusion que le GIA est bel et bien l'assassin des 7 moines et que l'armée algérienne est au contraire en première ligne pour le combattre. Il publie une première partie de son reportage dans le Figaro magazine. La deuxième ne verra jamais le jour. Jean-Baptiste Rivoire fait du porte-à-porte dans les rédactions pour empêcher sa publication. Mais, plus grave, il fait circuler la rumeur selon laquelle Contant est un agent des services algériens. Harcelé par Rivoire et ses complices, Contant est retrouvé mort au pied de l'immeuble où il habite. Selon la version officielle, il s'est suicidé en se jetant de son appartement. Il était en compagnie d'une femme avant de faire le geste fatal. L'ouverture de ce procès va incontestablement réveiller les vieux démons chez ceux qui ont des comptes à régler avec l'Algérie. Déjà François Gèze, directeur des éditions La Découverte, s'est fendu d'un long article, le 14 septembre, sur le site Médiapart, dans lequel il affirme que « l'immense majorité des Algériens sont convaincus que l'ANP est derrière les massacres de civils », sans nous dire comment il a fait pour sonder, à partir de Paris ou de Rabat l'immense majorité des Algériens ! Pour rappel, Gèze, dont on dit qu'il a des relations suivies avec les services marocains, n'hésite pas à utiliser le menu fretin pour attaquer les Algériens. Il a commencé par Habib Souaïdia, un ancien militaire radié de l'armée, qui avait fait 5 ans de prison pour avoir utilisé son uniforme afin de racketter les gens. Réfugié à Paris, il raconte ses « mémoires » à un journaliste. Mais au moment de les éditer, Gèze transforme totalement le texte ; à l'insu de son auteur, il rajoute des chapitres dans lesquels il renouvelle ses accusations contre l'armée algérienne. Il utilise le même procédé avec un autre déserteur, le sergent Abderrahmane, qui trouve là un bon vecteur pour déverser ses mensonges. Les deux individus seront ensuite jetés comme des kleenex parce qu'il n'a pas réussi à faire d'eux des gens convaincants. Ils vivotent aujourd'hui aux crochets de services qui veulent bien faire allégeance à eux. L'affaire des moines de Tibhirine a été une occasion que n'ont pas ratée les gens qui rêvaient de voir l'Algérie sombrer dans le chaos. Les 7 moines vivaient dans un monastère, à 8 km de Médéa, dans une zone montagneuse très boisée. Ils aidaient la population locale dans tous les domaines et ils étaient très appréciés par les habitants. Malheureusement, le terrorisme islamiste s'est implanté dans la région. Les autorités algériennes ont approché ces hommes de Dieu pour leur demander de partir, vu le danger. Ils ont refusé. Et ce qui devait arriver arriva. Ils ont été enlevés par le GIA. Dans un communiqué portant le n°43, les terroristes demandent de les échanger contre Abdelhak Layada, le tôlier de Baraki condamné à mort mais aujourd'hui libre et riche par la grâce de la « concorde nationale ». Sinon, « ils seront égorgés ». A partir de ce moment, un jeu trouble s'implante dans le décor. Un certain « Abdullah », émissaire de Zitouni, contacte l'ambassade de France où il est reçu secrètement. Le chef d'antenne de la DGSE le prend en charge sans en informer son collègue de la DST ni même l'ambassadeur. Plus grave encore, cet officier n'informe pas les services de sécurité algériens qui auraient pu mettre en place une filature. Selon des sources algériennes, « Abdullah » quitte l'enceinte de l'ambassade dans la malle d'une voiture de la DGSE. Puis plus rien. On sait seulement qu'une cassette montrant les moines en vie a été remise à l'officier français. Dans un communiqué portant le n°44, le GIA annonce l'exécution des 7 religieux. Le 31 mai, les autorités découvrent les têtes sans corps des 7 hommes. Quelques jours après, une cérémonie religieuse est organisée à la basilique Notre-Dame d'Afrique. Les embaumeurs se sont encouragés pour donner l'illusion que les corps étaient dans les cercueils. En réalité, on ne voyait que les têtes. Aucune ne montrait une quelconque blessure ou la moindre égratignure. Depuis, une campagne inouïe a été déclenchée contre l'Algérie et, particulièrement, contre son armée. Des livres ont été écrits pour blanchir le GIA alors qu'il a signé son crime et mettre en cause les services algériens qui, à entendre leurs détracteurs, sont plus puissants que la CIA, le KGB et le Mossad réunis. Un général à la retraite, François Buchwalter, en poste à Alger au moment des faits, a remis récemment le dossier à l'ordre du jour. Il a prétendu qu'un ami officier algérien lui avait dit que son cousin, etc., c'est-à-dire l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Ses délires seront malheureusement repris en France par le président Sarkozy, entre autres, qui se montre particulièrement indélicat à l'égard de l'Algérie en déclarant : « Je veux la vérité. Les relations entre les grands pays, elles s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge. » Des propos insultants auxquels aucun officiel algérien ne répondra. Un ancien Premier ministre français, des ministres à l'époque des faits, des diplomates démentent les propos de l'ancien général. Même Sarkozy, face à des évidences, revient sur ses propos injurieux en disant qu'il s'en remet au « communiqué n°44 du GIA ». Après la sortie délirante du général Buchwalter, Rina Sherman, ancienne compagne de Didier Contant et auteur du livre Le Huitième mort de Tibhirine, a réagi en déclarant à El Watan que le « qui-tue-qui ? » reste un groupe de pression bien organisé, surtout « ses relais dans la presse ». Et elle s'interrogeait pour savoir s'il n'y avait pas « des relents de néocolonialisme, de racisme et de nostalgie pour une Algérie perdue ». Le procès de Rivoire va sans doute éclairer ces gens qui s'acharnent sur cette Algérie qui a pourtant contribué, par sa résistance à l'hydre verte, à protéger l'Europe.