Le CIO et le comité d'organisation (LOCOG)de Sir Sebastian Coe, ont ils vraiment mesuré toutes les conséquences de cette décision, vis-à-vis d'une grande partie des athlètes musulmans qui représentent près du quart des athlètes qui vont participer à cette XXXe Olympiade ? D'aucuns ont voulu relever le peu d'attention accordée aux implications potentielles de jeûne du Ramadhan pour l'athlète d'élite dans la gamme des sports qui composent les Jeux olympiques modernes. De nombreux chercheurs ont depuis longtemps étudié l'impact du Ramadhan sur la santé, en général, et ont même répondu à quelques questions. La plupart des sujets de préoccupation pour les médecins (par exemple, la pression artérielle, les graisses sanguines, le glucose, etc.) montrent peu de variation, bien que le taux de fer sérique diminue sensiblement. En général, ce déphasage dans la prise alimentaire a vraiment peu d'effet sur la communauté musulmane en bonne santé. Pour le sport de compétition, par contre, il est facile de supposer que la performance d'un athlète pourrait être affectée, si il (ou elle)s'abstient de manger ou de boire avant, pendant ou après l'entraînement et/ou une compétition d'un tel niveau. Dès 2004, nous avions,pour notre part, opté de ne plus supposer. Et c'est à partir d'Alger, avec le concours de la FAF, que les études menées sous les auspices du Centre d'évaluation et de recherches médicales de la FIFA (F-Marc) ont suggéré que les effets sur les performances des joueurs de football, qui montrent une attention particulière aux facteurs de préparation, de nutrition et de mode de vie, étaient moins importants que prévu. Les premières études ont par ailleurs souligné l'importance des facteurs subjectifs liés à l'individu et à la force de sa foi. «Sawm Ramadhan» n'est en fait pas un jeûne dans l'absolu. C'est un décalage de phase dans les cycles alimentaires et de sommeil. Les athlètes peuvent faire deux repas copieux, f'tour et s'hour, et préserver assez correctement les apports nutritionnels et hydriques. Mais ils sont à même de développer un petit déficit de sommeil nocturne. Et la durée du jour dépend de la période de l'année et la latitude. Le 4 août à Londres (au milieu à la fois les Jeux olympiques et du Ramadhan), les athlètes qui choisiront de pratiquer, de manière stricte, devront jeûner quinze heures et quinze minutes, de 5h30 à 20h45. Apporter dans ce cas des solutions aux problèmes de déficit hydrique et électrolytique, sera très certainement un sacré challenge. Un challenge sacré… Deux questions viennent alors tarauder les esprits. Quel impact réel le jeûne du mois de Ramadan produit-il sur la performance sportive et que peut-on faire pour aider les athlètes qui décideront de jeûner ? Seuls la science et les scientifiques pourront apporter les réponses nécessaires au détriment des «intimes convictions». Beaucoup de réponses sont attendues dans des domaines aussi différents que la motivation et les moteurs psychologiques, la condition physique et les méthodologies de l'entraînement, la programmation des cycles de compétitions, les rythmes circadiens et le sommeil, les stratégies de nutrition et d'hydratation, et d'autres encore… C'est tout le mérite de la FIFA d'avoir réuni en novembre 2011, en vue du tournoi olympique 2012, mais aussi de la phase finale de la CM 2014, une conférence de consensus à Doha (Qatar). Cette conférence organisée conjointement par les Centres médicaux d'excellence d'Aspetar (Doha) et de Chahrazed (Alger) a pu rassembler sur deux journées, des experts de tous les continents ; ceux ayant publié à ce sujet sur les revues spécialisées internationales de haut rang. De cette conférence. Il ressort que beaucoup reste à faire et que de nombreux programmes de recherche sont souhaitables. Les conclusions et les recommandations de la conférence de Doha seront publiées dans une revue scientifique au courant de l'année 2012. Nombreux sont les athlètes musulmans qui tiennent à suivre à la lettre les préceptes de leur religion et attendent des solutions efficaces, dûment validées. Ce serait fort probablement un acte de foi de les leur proposer.
– Par le docteur Yacine Zerguini. [email protected]