La pratique du football et ramadan. Voilà un thème qui soulève beaucoup de questions. Malheureusement, peu de recherches, à proprement dit, ont été réalisées dans ce sens. Pour la plupart, ce sont des thèses et travaux de mémoire de fin d'études. Mais à vrai dire, rien n'a été fait d'une manière approfondie, expérimentale et pointue, par un groupe de chercheurs regroupant des médecins spécialisés, des psychologues, des diététiciens, des physiologistes, des préparateurs physiques et autres entraîneurs qualifiés. L'étude sur les effets du ramadhan sur les joueurs musulmans ne peux que être passionnante, d'autant plus qu'elle dépassera largement le simple cadre sportif. Elle permettra de faire le point sur la compatibilité entre la pratique du football en particulier et le sport en général et le ramadhan pour mieux expliquer la signification religieuse, sociale et culturelle du ramadhan. Durant cette période, les conditions de la pratique du football de compétition, dont on cerne de mieux en mieux les nécessités biologiques, restent peu connues. Tant de questions restent sans réponses concrètes. Quels sont les effets du jeûne sur l'organisme d'un joueur d'élite ? La haute compétition trouve-t-elle raisonnablement sa place durant cette période ? Comment pourrait-on expliquer la bonne résistance de certains joueurs évoluant au sein de championnats de haut niveau tout en pratiquant ce percept de leur culte ? Une étude scientifique prospective semble nécessaire pour faire toute la lumière sur le sujet. Cette recherche n'aurait pas, naturellement, pour but de dicter leur conduite aux acteurs du jeu. Elle doit, par contre, permettre, à tous, de mieux cerner le phénomène et de mettre un terme au polémiques qui entourent le monde du sport d'élite à l'approche du ramadhan. Cette étude permettra certainement de donner de meilleures réponses aux questions posées, techniques ou éthiques. Au point de vue général, la pratique du football durant le mois de ramadhan nous interpelle sur de nombreux sujets. Hormis, peut-être, les problèmes de traumatologie, de la sphère cardio-respiratoire et l'organisme, tous les autres paramètres de l'environnement du football moderne sont concernés : - Préparation physique sur le terrain - Préparation psychologique - Nutrition et métabolisme - Gestion des fluides et des électrolytes - Chronobiologie Du point de vue énergétique et de l'équilibre hydro-électrolytique, il serait logique de penser que les capacités des acteurs du jeu seraient amoindries. L'hypoglycémie et la déshydratation, pour ne prendre que ces deux paramètres, seraient de mise. Que se passe-t-il du point de vue endocrinien et dans le domaine de la fonction rénale ? Nous ne le savons que trop peu dans le cadre d'une intense dépense physique et du stress. Faute d'une littérature, assez pauvre, l'on retrouve l'évocation d'un phénomène dit de "surcompensation". Il expliquerait l'augmentation progressive, à partir de la première semaine, des réserves énergétiques chez l'athlète par l'association du jeûne, de l'entraînement et du régime hyper glucidique. Cela reste à démontrer. Comme il reste à élucider les mécanismes biochimiques de mobilisation de cette énergie stockée. Les aspects «régénération» et renouvellement des stocks d'énergie sont fortement pressentis, mais cela reste, pour l'instant, une hypothèse de recherche. Néanmoins les rythmes de vie et de nutritionnel sont des éléments fondamentaux, si l'on tente de comprendre les effets du ramadhan sur l'organisme des athlètes. En effet, la perturbation chrono biologique domine. Avec en particulier une modification du rythme veille-sommeil et un changement du programme alimentaire. Le changement du programme diététique se fait tant dans le rythme que dans la nature même des aliments. Les athlètes acceptent mal les menus "sportifs" habituels en raison d'une tradition culinaire liée au ramadhan, qui leur semble incontournable. Ils acceptent tout aussi mal les regroupements et autres "mises au vert" durant un mois considéré comme sacré. L'aspect psychologique et spirituel complique donc le tableau. Cette recherche doit, aussi prendre en considération le plan spirituel, souvent assimilé à l'aspect psychologique. Ce côté doit certainement avoir une influence sur le physique de l'athlète. Sinon comment expliquer la capacité de résistance et de dépassement de soi même chez les musulmans, les bouddhistes et autres pratiquants des différentes formes de yoga. Des exploits que la science n'a pu expliquer. Il serait donc nécessaire de se pencher sur cet aspect incontournable pour mieux comprendre le phénomène du jeûne et son influence sur l'athlète. Aussi cette étude s'inscrit parfaitement dans les concepts de l'Islam originel. Elle permettra, d'abord à toutes les personnes en charge de ces athlètes, de mieux les conseiller et mieux les prendre en charge. Elle permettra aux footballeurs de mieux comprendre et d'assumer leur foi en toute connaissance de cause. il est préférable d'étendre la recherche sur l'aspect spirituel, qui reste un champ large à exploiter dans la préparation de nos joueurs. Cela dit, nul ne peut affirmer que la pratique du ramadhan soit totalement incompatible avec la pratique du football de haut niveau. Il est pour cela primordial de savoir avec précision les effets du jeûne sur l'organisme des footballeurs, pour adapter les programmes de préparation et d'entraînement, ainsi que les schémas nutritionnels.