Aujourd'hui, on est arrivé à une situation politique de stabilité dans le chaos. Doublement combattu. Politiquement par le pouvoir qui a restauré son autocratie, et idéologiquement les islamistes, le projet démocratique voit se multiplier devant lui obstacles et adversaires. Entre les deux pôles antidémocratiques, les passerelles sont nombreuses notamment dans leur refus de la laïcité. La laïcité est un principe essentiel de la République, principe de concorde, de liberté, de justice sociale, car la laïcité se fonde sur ce que les hommes et les femmes ont en commun, ce qui les rassemble, plutôt que sur ce qui les différencie, voire les divise comme le fait l'approche communautariste. Elle garantit, par la séparation de la sphère publique et de la sphère privée, le respect de toutes les croyances et de toutes les opinions. En conséquence, la laïcité ne peut être instrumentalisée pour stigmatiser une religion, ni pour affirmer la supériorité d'une autre, quels que soient les arguments historiques, culturels, géographiques employés ; elle ne saurait servir à encourager les différences entre les citoyens.La République laïque récuse donc toute religion officielle comme toute orthodoxie d'Etat. Elle se préserve également de toutes les pressions anciennes ou nouvelles, explicites ou insidieuses, du cléricalisme et de tous les totalitarismes. La laïcité en Algérie est à la fois une idée ancienne et neuve, c'est une idée aujourd'hui synonyme de modernité qui fut chahutée par le colonialisme. Dans les colonies où la laïcité française rencontre l'Islam, la politique de la République est marquée par l'ambiguïté. En Algérie, partie intégrante de la République française jusqu'en 1962, la loi de 1905 prévoit la pleine application des principes de la laïcité. Mais, par le biais de décrets d'application dérogatoires pris par le gouvernorat d'Algérie, un régime d'exception est mis en œuvre avec un code de l'indigénat qui maintient le statut personnel musulman ou israélite. L'énonciation de principes républicains laïques et leur application dérogatoire sur un territoire donné sont révélateurs d'une contradiction propre à l'Etat colonial français. Ce processus interdit tout épanouissement de la théologie musulmane dans un environnement laïque. Pendant la colonisation, les ulemas réclament un statut laïc qui leur permettra d'échapper au contrôle des autorités coloniales. Ceci n'est cependant pas repris lors de la déclaration d'indépendance. L'article 2 de la première constitution algérienne stipulait : «l'Islam est religion d'Etat».La question sociale, dans un monde inégalitaire et pluriel, se trouve au cœur du problème de l'égalité, notamment de l'égal accès au savoir, à la responsabilité, à la liberté. Partie constitutive, à ce titre, de la question laïque, elle conduit en particulier à exiger pour tous ceux qui résident sur le sol national le droit au bénéfice des conquêtes de la République, l'accès aux systèmes de solidarité et de formation initiale et permanente. Une espérance pour le XXIe siècle La laïcité n'est pas tournée vers le passé mais vers le futur des hommes. Porteuse de l'avenir de la raison, elle œuvre au progrès de la pensée. Elle se veut libératrice de l'intelligence. L'humanisme laïque, force vivante de l'Histoire, s'adresse ainsi à toutes les femmes et à tous les hommes, à tous les peuples. Se refusant à tout ethnocentrisme, porteur de l'émancipation de tous, il atteste plus que jamais dans un monde aux dimensions de plus en plus restreintes, de la permanence et de la vocation universelle des valeurs de Liberté, d'Egalité, de Fraternité. Seul, il peut aujourd'hui nourrir et conduire la marche de tous les peuples vers le savoir, le mieux-être, la paix et la liberté. L'instruction islamique prodiguée à l'école fondamentale diffuse, entre autres, une version simpliste de l'islam et glorifie la période médinoise, considérée comme la pureté par excellence de l'histoire musulmane. Le sectarisme et l'incitation à la haine (impies, athées, apostats laïcs, communistes, juifs, chrétiens, francs-maçons, femmes, etc.) sont relayées dans les quartiers populaires et mosquées par des imams qui commencent à échapper peu à peu à la mainmise de l'Etat Droits de l'enfant : l'école de la République La liberté de l'homme se construit, ou se détruit dès l'enfance. Tout enfant a le droit d'être élevé et instruit pour accéder à la maîtrise de soi et à la citoyenneté. Il s'agit de lui assurer le droit et les moyens de l'émancipation : lui permettre d'acquérir pas à pas la responsabilité de lui-même dans tous les domaines de la vie personnelle, sociale, civique, et son autonomie et sa liberté, y compris par rapport à son milieu d'origine et à sa famille. L'Ecole publique doit pouvoir accueillir, instruire, faire vivre ensemble tous les enfants de toutes les origines sociales, ethniques ou confessionnelles. Travaillant dans le respect des consciences et attentive à toutes les convictions naissantes, elle n'impose, ni par les enseignements ni par la vie scolaire, aucune croyance. Elle doit promouvoir la pratique par toutes et par tous de l'esprit, des règles de tolérance et de respect mutuel de la laïcité scolaire. Pour tous ses élèves, elle se doit être le lieu de l'acquisition méthodique des savoirs, de l'apprentissage de la raison et de l'entraînement au doute et à l'esprit critique. Organiquement liée à la République, l'Ecole laïque ne saurait être soumise, en droit ou en fait, à aucune tutelle, autorité ou influence particulière d'ordre politique, religieux, idéologique, économique… L'Ecole de la République, ainsi, sera pleinement le creuset de la fraternité, le fondement premier de l'unité de la Nation et de l'émancipation de son peuple. C'est pourquoi, aujourd'hui comme hier, l'école publique, gratuite et laïque, demeure la pierre angulaire de la République. La démocratie exige que les convictions personnelles, l'appartenance à une religion, à une famille idéologique ou politique relèvent de la sphère privée. La question sociale, dans un monde inégalitaire et pluriel, se trouve au cœur du problème de l'égalité, notamment de l'égal accès au savoir, à la responsabilité, à la liberté. Partie constitutive, à ce titre, de la question laïque, elle conduit en particulier à exiger pour tous ceux qui résident sur le sol national le droit au bénéfice des conquêtes de la République, l'accès aux systèmes de solidarité et de formation initiale et permanente. Mais la démarche laïque ne saurait être réduite à l'exigence de plus de justice sociale.