Toutes celles, du moins, qui proviennent du fait que le geste soit maintes et maintes fois répété. Dans le contexte du football qui nous intéresse, il s'agit plus précisément d'un certain nombre de traumatismes et d'autres affections non traumatiques, qui résultent le plus souvent de la répétition du geste technique. Probablement plus fréquemment encore si le geste est exécuté d'une mauvaise manière ou dans de mauvaises conditions. Dans le cas d'une préparation physique médiocre, en particulier. Les pubalgies… Pourquoi «les» et non pas «la» pubalgie ? En fait, en matière de «maladie pubienne du footballeur», comme je préfère désigner ce groupe de pathologies, il s'agit tout d'abord d'étiqueter l'affection. Et ce n'est pas chose aisée. La pubalgie (littéralement, douleur de l'aine) peut en effet provenir d'un grand nombre d'affections. On dit qu'elle a une pathogénie très diverse, dans une zone très sensible, là ou l'abdomen rencontre la cuisse… et qui comprend : la partie basse des muscles abdominaux, la région inguinale (zone de faiblesse, avec ses organes nobles tel le cordon spermatique), la symphyse pubienne (articulation stratégique du bassin malgré son peu de mobilité (seulement 2 à 3 degrés), les fameux muscles adducteurs de la cuisse, sans oublier l'articulation de la hanche, les racines nerveuses et les nerfs alentour et les organes génitaux. Une pubalgie peut provenir du dysfonctionnement isolé ou entremêlé de l'un ou de plusieurs de ces éléments. C'est dire la difficulté de certains diagnostics et par-là même de l'attitude thérapeutique. Ce pourrait être, pour l'exemple, un syndrome de l'aine (le «Groin Syndrom» des Anglo-Saxons), une tendinopathie des adducteurs, une hernie inguinale, une ostéite pubienne (inflammation avec ou sans nécrose osseuse, selon la gravité), un syndrome de nerf «piégé» ou un «ressaut» de la hanche… Avec tous mes confrères médecins qui s'occupent de pathologie sportive, nous rencontrons (trop) souvent ces blessures à l'aine chez de jeunes footballeurs qui errent d'un «spécialiste» à l'autre avec un paquet de Rx, de comptes-rendus d'échographie, de scanner et d'IRM. Le retard au diagnostic précis, et par-là même au traitement adéquat, peut briser une carrière. Tout le «petit monde» du football connaît les cas qui ne sont pas rares de ces joueurs pétris de talent, qui jouent un match puis en ratent trois… qui croient être guéris, car le repos fait disparaître la douleur dans la majorité des cas, puis qui rechutent lamentablement à la moindre reprise. C'est le principe même d'une technopathie ignorée, méconnue, voire négligée… Les pubalgies, sans l'ombre d'un doute, sont les blessures sportives les plus difficiles à diagnostiquer et à traiter avec précision. En particulier lorsque les lombalgies et les douleurs de type sciatique se mêlent à un tableau déjà assez sombre. Selon la majorité des auteurs, dont Renström, Peterson, Gilmore et Jankovic, elles représenteraient tout de même 5 à 6% des blessures du footballeur. Elles sont donc très fréquentes en football, sport au cours duquel l'adduction forcée de la hanche se produit, l'adduction forcée étant le mouvement de rabattre le membre inférieur vers le dedans, geste fondamental dans la pratique du football, qui utilise en premier chef la fonction des muscles adducteurs. Ces muscles dont l'inflammation de l'insertion haute (au niveau du pubis), constitue l'une des grandes raisons d'une pubalgie. Diverses théories pathogéniques, pour tenter de retrouver, de comprendre et d'expliquer l'origine du mal ont été évoquées. Parmi elles, très plausible, la théorie du déséquilibre (souvent frappant chez le footballeur) entre des muscles adducteurs très puissants et des muscles abdominaux très faibles, provoquant ainsi un affaiblissement du mur postérieur de l'abdomen. C'est une triste réalité chez nos joueurs qui se jettent sur les exercices avec ballon (qui renforcent les muscles adducteurs) et fuient les salles de musculation (dont la fréquentation assidue permet de renforcer les muscles abdominaux). Mais n'est-ce pas plutôt la faute de leurs entraîneurs ou de la quasi absence de préparateurs physiques ? Du point de vue thérapeutique, nous avions, à l'époque du grand CNMS à Alger, à l'occasion de la thèse de docentat du Pr Noureddine Arezki, contribué à faire avancer la réflexion à propos d'un traitement chirurgical plus précoce, mais toujours avec une priorité, le repos actif et la réhabilitation musculaire et articulaire préalables. Nous avions publié nos travaux en commun avec nos amis rééducateurs dans le Journal de traumatologie du sport (Arezki N., Zerguini A., Mekhaldi A., Zerdani R., Massen R., Bouras. La maladie pubienne chez le sportif. Priorité au traitement médical. J. Traumatol. Sport, 1991, 8 : 91-97) La maladie pubienne est donc le plus souvent une technopathie du football, qui, chez nous, est en train de prendre l'allure d'un fléau, si l'on en croit les médecins de nos clubs, car aucune statistique valable n'existe. Bonne nouvelle, un traitement préventif existe : une préparation physique intelligente et permanente ainsi que l'usage du FIFA 11+. Pour cela et pour beaucoup d'autres aspects de notre jeu, ce serait bien mieux que nos clubs aient des préparateurs physiques. Mais ça, c'est une autre affaire, la DTN finira peut-être par s'en occuper… [email protected]