L'opération de démolition de plus de 500 habitations «illicites» au lieudit «ferme Sanchidrian», engouffré entre les quartiers d'El Barki et de la Cité Djamel à Oran, a donné lieu à des affrontements entre forces de l'ordre et les habitants. Ces derniers, hommes, femmes et enfants, ont barré la circulation au niveau de l'axe reliant le rond-point de la Cité Djamel à Haï Es Sabah, toute la journée du mardi dernier, et ce, sans aucune violence. Les forces de la Gendarmerie nationale ont investi le quartier pour déloger les habitants. Plusieurs blessés ont été constatés et des bombes lacrymogènes ont été lancées. Une femme, qui avait conservé des restes de la bombe, semblait d'ailleurs déterminée à mener l'affaire devant la justice. Pour justifier ces opérations, les autorités locales ont avancé l'argument que les lieux ont été occupés pendant la campagne électorale, avouant en quelque sorte le laxisme dont ils ont fait preuve à l'approche de cette échéance. L'on apprendra, document à l'appui fourni par les habitants, que tous les habitants sont les propriétaires légaux des terrains acquis en 2007. «Si c'était illégal de construire ici, pourquoi les autorités n'ont pas intervenu en 2007 quand nous avions commencé à nous installer ?», nous confiera un jeune rencontré sur place. Négociations impossibles En effet, la disponibilité de compteurs électriques individuels et de l'éclairage public semble aller dans le sens des habitants. Ils déplorent que les autorités aient fermé les yeux toutes ces années pour prétendre aujourd'hui n'avoir rien vu. «La Gendarmerie nationale connaissait bien la zone. Ils venaient ici chaque vendredi. Aujourd'hui, ils viennent démolir nos maisons sans rien nous proposer en échange», déplore un des habitants. Constatant que les négociations étaient impossibles, les habitants essayaient, tant bien que mal, de sauver leurs biens, récupérant une porte ou une fenêtre qu'ils pourraient céder contre quelques sous. Aux alentours de 22 h, les habitants, qui avait bloqué la route, ont décidé de la rouvrir, et ce, sans l'intervention des forces de police. Le ras-le-bol et le désespoir de ces centaines de citoyens étaient lisibles sur les visages. Certains avaient quitté la région pour aller loger chez de la famille, mais la plupart sont restés sur place et ont passé la nuit à la belle étoile.