Des dizaines de sites d'institutions économiques algériennes sont quotidiennement visés. La vulnérabilité électronique des sites algériens a permis aux hackers marocains et égyptiens de les pirater «La protection absolue n'existe pas, car les réseaux sociaux, facebook, twitter, flicker, Viadeo, myspace, etc., sont devenus l'une des principales cibles des pirates informatiques», précise Harkat Mohamed Faouzi, enseignant et directeur du Centre du réseau informatique à l'université Badji Mokhtar de Annaba. Plusieurs systèmes de messagerie proposent de récupérer le mot de passe en répondant à une simple question. Mais comme un malheur ne vient jamais seul, il a carrément oublié la réponse. Donc, il est impossible de récupérer le sésame. A défaut, il met une croix et décide d'en créer un autre. Cette fois, Mohamed jure d'observer strictement quelques règles prudentielles, comme changer son mot de passe périodiquement. «On m'a dit que c'est efficace», se rassure-t-il. Comme lui, ils sont des milliers à vivre ce genre de mésaventure. Sur le réseau social Facebook, le phénomène prend aussi de l'ampleur. Salim, cadre dans une entreprise privée, en a fait une mauvaise expérience, qu'il n'oubliera pas de sitôt. «La personne qui a piraté mon compte a posté un commentaire dans lequel il me prêtait l'intention de me suicider. C'était la panique générale. J'ai reçu de nombreux appels téléphoniques de mes amis qui s'inquiétaient pour moi», raconte-t-il. Il a fallu le conseil avisé d'un ami pour que Salim prenne contrôle de son compte Facebook. «J'avais effacé le commentaire et rassuré aussitôt mon entourage qu'il s'agissait d'une mauvaise blague d'un pirate. Depuis, j'essaie d'être vigilant», indique-t-il. Qu'il s'agisse de profils classiques ou de pages fan, les pirates s'attaquent à tout. «Si un pirate contrôle votre boîte mail (Yahoo, Hotmail, Gmail, etc, il lui suffit de solliciter un renvoi de mot de passe à Facebook afin d'accéder à votre profil», explique Khaled, un informaticien expérimenté. Parce que gérée souvent par plusieurs administrateurs, une page fan Facebook contient autant de portes d'entrée potentiellement piratables. Selon lui, les techniques de hameçonnage classique sont particulièrement les mails ou les sites peu sécurisés. «Quand ça ne marche pas avec ces procédés, les pirates recourent à une autre méthode : ajouter un ami sur Facebook dans l'espoir de récupérer ses données en utilisant un compte ‘‘fake'' (faux, ndlr). Ensuite, ils téléchargent des scripts sur Internet qui servent comme une sorte d'aspirateurs à mots. En lançant des fichiers textes, le mot de passe pourrait être aspiré et récupéré», détaille encore cet informaticien. D'après lui, cette technique de piratage est assez efficace, d'autant plus que certains utilisateurs choisissent des mots de passe banals. A l'ère du développement des technologies mobiles et des réseaux sociaux, la sécurité des systèmes d'information se voit de plus en plus menacée. Au-delà du piratage presque ordinaire des comptes personnels, on voit surgir d'autres formes de pirateries. Les attaques ciblent les sites Internet d'institutions officielles, d'entreprises privées et de banques. Des statistiques publiées en 2010 dans la presse nationale font état de près de 3000 cyber attaques contre les sites Internet algériens. Entre hackers algériens et marocains par exemple, la hache de guerre est déterrée périodiquement au gré des événements. En novembre 2011, des sites d'institutions gouvernementales et d'établissements financiers algériens, dont celui de la direction générale des grandes entreprises (DGE) relevant de la direction générale des impôts (DGI) ont été piratés par des hackers se présentant comme étant marocains. En réponse à ces attaques, des hackers algériens ont piraté une dizaine de sites Internet marocains. Les attaques ont concerné des entreprises et des institutions marocaines. Quelques mois auparavant, des hakers algériens, connus sous le nom de «dz mafia», ont piraté le site web de l'Armée syrienne libre. Cette attaque était conçue en réponse à une vidéo qui circulait sur le web et dans laquelle l'emblème national algérien aurait été brûlé par des individus se présentant en tant que Syriens de la ville de Homs, le bastion de la révolte anti-Al Assad. En 2009, le match qualificatif pour la Coupe du monde de football 2010 opposant l'Egypte à l'Algérie avait donné lieu à une «guerre» informatique. Outre les forums, les Egyptiens s'étaient attaqués au site web d'un journal arabophone proche du pouvoir. Des pirates algériens, eux, avaient «hacké» le site du ministère de la Défense égyptienne et celui du quotidien gouvernemental égyptien Al Ahram.