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Ces mal-logés qui n'en peuvent plus d'attendre : A Aïn Témouchent, on improvise comme on peut
Publié dans El Watan le 27 - 07 - 2012

L'humidité, la chaleur étouffante de l'été, le froid glacial de l'hiver, la promiscuité… constituent le lot quotidien de ces familles en proie au désespoir. Le seul recours pour se faire entendre ? La violence. Mais les promesses des pouvoirs publics ne sont jamais tenues. Voyage au cœur d'un phénomène qui perdure.
A la veille du Ramadhan, près de 500 personnes ont bloqué les RN 35 et régionale 10 de la wilaya de Aïn Témouchent. Ces gens vivent dans des baraquements et attendent un logement social depuis des années.
Une petite pièce au plancher incliné dans un sens et le toit dans l'autre. Une petite pièce où les meubles, les matelas et les coussins s'amoncellent. On cuisine à même le sol, à toit ouvert, à deux mètres à peine de ce qui fait office de sanitaires : un simple trou. Difficile de le concevoir, mais ici, dans ce baraquement, rue des Jardins, habite une famille nombreuse. Intissar a 16 ans et vit dans ces lieux avec ses parents, deux de ses frères et deux de ses sœurs. Elle parle de son quotidien d'une voix saccadée, une étincelle de révolte dans les yeux.
«L'hiver, on reçoit la pluie qui coule du toit et les torrents d'eau sale qui entrent par la porte, l'été la chaleur nous étouffe.» Chacun des membres de la fratrie intervient dans un brouhaha de plaintes indignées. Sa grande sœur, Leila, est en instance de divorce et s'est résignée à laisser ses deux enfants à son mari pour le moment. «Où est-ce que je pourrais les loger ? On a bien assez de mal à nous entasser ici», s'interroge-t-elle. L'épouse du plus âgé de la fratrie, enceinte, a fui chez ses parents, ne supportant plus les conditions de vie. Elles sont 13 familles dans les alentours à vivre dans de pareilles conditions. Abdesselam, un voisin, refuse d'évoquer le problème de logement. Pour le jeune homme de 28 ans, il s'agit avant tout de «marginalisation, d'abandon et de hogra (injustice)». Il y a quelques années, Abdesselam louait un appartement, mais le loyer ne cessait d'augmenter d'année en année. «C'est devenu un business. Les prix augmentent jusqu'à ce qu'on soit dans l'incapacité de les payer et on se retrouve à la rue.» Les habitants se résignent à improviser une bicoque dans un baraquement et vivotent en espérant une issue prochaine.
Blessée
Sur un ton mesuré, il raconte les dizaines de démarches administratives pour bénéficier d'un logement social, les promesses «mensongères» du chef de daïra à la veille des élections législatives. «Il est venu constater lui-même les conditions précaires dans lesquelles on vit. Mais après les élections, il ne voulait plus nous recevoir. Il nous a fait savoir qu'il ne pouvait rien faire pour nous, que ce n'était pas de son ressort», dénonce le jeune marié. Il n'y aurait plus de logements disponibles. Pourtant, il y a quelques semaines, plusieurs familles ont été relogées après avoir manifesté leur mécontentement au lendemain de l'écroulement d'un pan de leur toit. «Elles sont passés en priorité alors qu'elles vivent dans de meilleures conditions que nous», s'indigne Abdesselam.
Quelques jours plus tard, un mur s'est écroulé sur deux habitants du baraquement, dont la jeune Intissar. La coupe est pleine. Si la lycéenne s'en est sortie avec quelques points de suture, le voisin a été admis à l'hôpital. Dans le voisinage, accidents domestiques et infections sont récurrents. Ce jour-là, armées de banderoles, les 13 familles se sont dirigées vers le centre-ville. Elles sont rejointes par plusieurs dizaines d'autres personnes de l'ensemble de la wilaya, vivant dans des conditions toutes plus précaires les unes que les autres.
Immolation
Près de 500 protestataires, dont une majorité de femmes, observent un sit-in d'une semaine quelques jours avant le Ramadhan, sur une placette verdoyante en face du siège flamboyant de la wilaya. Six nuits sous le nez de leurs responsables régionaux ne changeront rien. Les manifestants décident alors de bloquer la RN35 et la route régionale 10. La tension monte. Des bruits circulent. Deux personnes auraient tenté de s'immoler. Intissar, la jeune fille de 16 ans, raconte s'être aspergée d'essence. Ses pommettes saillantes s'empourprent de colère : «J'en avais marre, je ne voulais plus vivre dans ces conditions, surtout en période de Ramadhan.» Quelques heures plus tard, les protestataires finissent par libérer la route.
«On nous a prévenus que si nous ne quittions pas les lieux, les brigades antiémeute arriveraient et qu'elles seraient moins clémentes», raconte Fatma, mère d'Intissar. De guerre lasse, les contestataires se promettent de revenir à la charge dès la fin de Ramadhan, si les promesses de relogement ne sont pas tenues.
Parmi les manifestants, il y avait les enfants de Aïcha, une dame de 60 ans, qui vit avec six enfants et une ribambelle de petits-enfants dans un modeste trois-pièces. Ils sont 15, au total. Aujourd'hui, sur le palier de l'appartement, de petits bambins courent de part en part en riant pendant qu'on prépare le f'tour. Quatre des enfants de Aïcha ont déposé un dossier pour un logement social depuis une dizaine d'années. Elle se bat aujourd'hui pour offrir un toit à deux de ses petits-enfants âgés de 18 et 20 ans. Leur logement familial s'est écroulé lors du tremblement de terre qui a secoué la région en 1999. Leur mère avait alors obtenu la promesse d'un nouveau logement, mais elle est décédée depuis et le dossier n'avance pas. «Si je meurs, où logeront-ils ?», s'inquiète Aïcha.
Cave
Dans un immeuble du quartier Zitoune, un visage apparaît derrière la porte d'une petite cave. Sous les escaliers, derrière l'ouverture grillagée, de grands yeux bleus et un sourire triste. La dame, d'un certain âge, ouvre la petite porte et laisse découvrir une réalité hallucinante. Assise en bouddha, le toit lui arrive juste au-dessus de la tête. La pièce est juste assez grande pour y entasser deux matelas et quelques effets personnels. Un jeune garçon tente d'allumer un feu sur une petite bouteille de butane. Elle décrit l'enfer avec un sourire. «Je vis ici depuis qu'on m'a expulsée de chez moi en 2007. Je vivais dans l'appartement d'à côté. On m'a demandé de payer une amende de 50 000 DA, mais je n'en avais pas les moyens», raconte-t-elle. Elle a trois enfants dont deux dépendent de l'assistance sociale, faute de pouvoir les loger.


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