L'Etat devrait prendre une participation provisoire dans le capital des banques privées qui seront créées à l'avenir, a plaidé Messaoud Abda, expert international dans la criminalité financière, lors d'une conférence organisée, hier à Alger, par l'Institut algérien des hautes études financières. La prise de participation de l'Etat dans le capital des banques privées est susceptible de renforcer la gestion des risques et de mieux lutter contre les crimes financiers, explique l'expert en question. « En termes de contrôle, l'Etat devrait prendre une participation dans les banques privées à venir, et ce, durant une étape intermédiaire allant de 5 à 10 ans afin de s'assurer de la régularité de leurs activités », a indiqué M. Abda, membre aussi de l'Association américaine des examinateurs certifiés de la fraude. Cependant, l'orateur précise que si l'Etat décide de ne pas prendre part au capital d'une banque privée à sa création, il doit garder cette option pour qu'il puisse la mettre à exécution à tout moment. D'après le même expert, cette option devrait amener les banquiers à travailler dans la légalité et asseoir une base de gestion de l'ouverture de la place financière d'Alger au secteur privé. M. Abda n'a pas manqué de mettre l'accent sur l'importance de renforcer le contrôle interne des banques et du marché financier national. Selon lui, le mouvement de capitaux internationaux, l'internationalisation du commerce et l'évolution des moyens technologiques ont augmenté l'ampleur des risques des crimes financiers, qui vont du blanchiment d'argent, détournement des actifs aux extorsions frauduleuses de fonds. En Algérie, la lutte contre la criminalité financière a été engagée sous diverses formes. La Banque d'Algérie agit surtout à travers les règles prudentielles imposées à toutes les banques travaillant en Algérie, mais aussi par la création de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF). Nous avons appris aussi que des partenaires étrangers (Euronet) en association avec Byosec, une société de droit algérien, sont engagés afin de sécuriser les transactions bancaires, assurer le filtrage des fichiers et fermer les sources financières aux criminels et aux groupes terroristes. Plusieurs banques algériennes sont d'ores et déjà passées sous la loupe du partenariat Byosec-Euronet (partenaire américain spécialisé dans la monétique et les transferts de fonds) – 3e au monde après, surtout Western Union – et les expertises ATM (Mode de transfert asynchrone).