Depuis quelques années, nos rues ne sont plus sûres et nos cités offrent de moins en moins ce sentiment de sécurité de nature à rasséréner le citoyen. On ne parle pas de ces faux supporters qui, au sortir du stade, se fondent dans la masse avant de délester de paisibles gens qui ont eu la malchance de se trouver sur leur passage. On fait l'impasse aussi sur ces racketteurs qui s'emparent de tronçons de rues en bombant leur torse devant les automobilistes qui s'avisent de quitter le stationnement sans « cracher » la thune. On fait semblant de ne pas voir également ces coupe-jarrets itinérants qui se livrent à leur basse besogne, à la faveur de la pénombre, dans certains jardins dits publics. De même qu'on reste médusés lorsqu'on croise les auteurs de ces vols à l'esbroufe, vols à la tire, vols à la roulotte, vols d'accessoires d'automobile et bien d'autres actes de destruction et de dégradation du mobilier urbain. Dans ce lot de délits que d'aucuns expliquent ou justifient gauchement par la malvie, la violence ne cesse de prendre des proportions alarmantes dans nos cités. Et ce qui s'est passé dans la nuit de lundi au mardi derniers, à Bab El Oued, donne le haut-le-corps. Un acte digne d'une des scènes western du film la Horde sauvage du réalisateur Sam Peckinpah. Une bande organisée, munie d'un attirail d'armes blanches, dévale le soir de la cité ghettoïsée qu'est l'ex-carrière Jobert avant de semer la terreur le long d'une rue principale,l'avenue Colonel Lotfi, jusqu'aux pâtés d'immeubles longeant la rue Omar Benaïssa. Le mobile de cette descente ne nous intéresse pas, car chacun avance sa propre thèse en expliquant l'origine de cette violence inouïe. Le corps du délit ou l'élément matériel de l'infraction est tout désigné : des dizaines de voitures voient leurs pare-brise voler en éclats. Le hic est que cette scène a duré une bonne heure durant laquelle la horde s'est défoulée, avant de prendre la tangente. Cette même pègre qui, d'ailleurs, écume les hauteurs de Bab El Oued, sans qu'elle soit le moins du monde inquiétée, selon des riverains qui subissent son diktat sans que la puissance publique daigne, très souvent, broncher. Et là, l'ampleur reflète bien entendu la réalité de la délinquance la plus visible subie par la population. Un phénomène délictueux qui conforte de plus en plus le sentiment d'insécurité qui règne dans notre grand « douar rurbain ».