L'Algérie pourrait acheter des obligations du Fonds monétaire international (FMI), émises le mois de juillet dernier. Cette possibilité est « toujours à l'étude », a indiqué récemment le ministre des Finances, Karim Djoudi à nos confrères de l'APS en marge des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Istanbul. Nous sommes très pragmatiques sur cette question. Ce qui conduit notre gestion des réserves de changes sont la sécurité et la liquidité. Si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec ces institutions », avait-il expliqué. M. Djoudi s'est enorgueilli du fait que le FMI ait officiellement sollicité l'Algérie pour acheter ses obligations. Cela « signifie simplement que l'Algérie est reconnue comme un pays prêteur net du reste du monde, et dont on reconnaît une certaine performance dans la conduite de ses affaires économiques », a-t-il noté. L'on assiste donc à un retournement de situation. Il fut un temps où l'Algérie, dans une situation de cessation de paiement, courbait l'échine devant le FMI qui lui imposait un rigoureux plan d'ajustement structurel. En position de faiblesse, l'Algérie acceptait sans rechigner ce programme d'austérité fermant des dizaines d'entreprises publiques et licenciant des centaines de milliers de travailleurs. Ce lourd coût social est resté dans la mémoire collective des Algériens. Aujourd'hui, l'Algérie est revenue de très loin et a réussi à renverser la tendance, engrangeant une importante manne financière grâce à la seule ressource qu'elle a pu exploiter, les hydrocarbures dont les prix lui étaient favorables. Le niveau de la dette extérieure est quasi-insignifiant et le montant des réserves de changes a atteint un seuil plus qu'appréciable. Selon certains analystes, l'Algérie est dans une position de solvabilité externe qu'elle conservera jusqu'en 2015 quand bien même les cours du pétrole chuteraient. A l'instar de l'Algérie, l'achat d'obligations du FMI représente également une sorte de revanche pour de nombreux pays en voie de développement. Au-delà donc des retombées économiques de cette opération, c'est aussi une façon de s'affirmer sur la scène internationale. Le Brésil qui a annoncé la semaine dernière s'être formellement engagé à acheter dix milliards de dollars de ces titres a considéré par la voix de son ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, qu'il s'agit d'un moment historique. « C'est un moment historique pour nous. C'est la première fois dans l'histoire que le Brésil prête au FMI et par là même à la communauté internationale », s'est enthousiasmé M. Mantega. « Nous passons de la position de débiteurs à celle de créditeurs. C'est un changement radical », s'est-il félicité. Le Brésil a emboîté le pas à l'Inde qui s'était engagée début septembre à acheter 10 milliards de dollars d'obligations émises par l'institution de Bretton Woods pour la première fois de son histoire. Last but not least, la Chine a également participé à cette opération en se portant acquéreur de pas moins de 50 milliards de dollars de ces titres. Reste à savoir si l'Algérie rejoindra ce club des pays membres qui ont accepté de contribuer dans l'augmentation des ressources du FMI.