Le rapport du FMI (Fonds monétaire international), paru au mois d'octobre dernier, a stipulé que l'Algérie devrait accélérer les réformes économiques pour créer les conditions d'une croissance pérenne créatrice d'emplois. Le rapport remettait même en cause les prévisions gouvernementales de création de 3 millions d'emplois entre 2009 et 2013. Selon ce rapport, celles-ci nécessiteraient un taux de croissance de 6 à 7 % sur cinq années, ce qui est, selon les évaluations du FMI, "une impossibilité économique, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques". L'enquête, intitulée "Evaluation et plan d'action", du FMI et de la Banque mondiale, montre que l'Algérie "ne respecte que 5 des 16 principaux critères de référence et que le système de gestion budgétaire du pays a besoin d'être considérablement amélioré si moins de 7 des critères de référence sont remplis". Selon le FMI, la performance de l'Algérie "est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l'exécution du budget, de l'établissement de rapports et de la passation des marchés. Les importations, plus particulièrement celles liées aux projets dans les secteurs du transport et des travaux publics, augmenteront plus rapidement que les exportations, une analyse des coûts démontrant que les projets sont extrêmement coûteux". Le second rapport, établi quelques jours après, délivre un message beaucoup plus enthousiaste. Selon ce document, les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, dont l'Algérie, devraient augmenter leurs réserves à l'étranger de plus de 100 milliards de dollars en 2010, grâce à l'amélioration des cours du brut. La reconstitution des réserves internationales permettra au gouvernement de "maintenir le niveau de ses dépenses publiques, ce qui avait contribué à atténuer l'impact de la crise financière mondiale sur son économie". Cependant et au-delà de ces deux rapports contradictoires, l'Algérie a déjà tracé son économie pour l'année prochaine dans le cadre de la loi de finances pour 2010. En dépit de la baisse actuelle des recettes, l'Etat entend, en effet, maintenir ses grands efforts en matière de politique sociale, de lutte contre le chômage mais aussi de réunion des conditions d'une croissance plus forte et d'une plus grande création locale de richesses. Le pays prévoit une croissance économique de 4% et une inflation de 3,5%. Le budget de l'Etat pour 2010 a été calculé sur la base d'un prix moyen du baril de pétrole à 37 dollars. Il prévoit des importations de 37 milliards de dollars, en baisse de près deux milliards de dollars sur le record enregistré en 2008. Le budget de l'Etat pour 2010 prévoit également une croissance hors hydrocarbures de 5,5%, des recettes de 3 081 milliards de dinars (30 milliards d'euros) et des dépenses de 5 860 milliards de dinars (58,6 milliards d'euros). A noter, d'autre part, que le FMI a appelé l'Algérie à acheter ses obligations. Cela signifie simplement que l'Algérie est reconnue comme un pays prêteur net du reste du monde, et dont on reconnaît une certaine performance dans la conduite de ses affaires économiques. La possibilité pour l'Algérie d'acquérir des obligations du Fonds monétaire international (FMI) est "toujours à l'étude", a indiqué récemment le ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Istanbul. "Nous sommes très pragmatiques sur cette question. Ce qui conduit notre gestion des réserves de changes sont la sécurité et la liquidité. Si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec ces institutions", a-t-il expliqué.