Ils ont pour seul équipement une machine à écrire portable, une table et un tabouret. Ils sont appelés communément écrivains publics. Les citoyens font appel à leurs services soit pour la rédaction d'une correspondance administrative, soit pour des formulaires à remplir, notamment pour l'obtention du visa ou encore pour d'autres écrits. Ils font presque partie du décor. Certains exercent cette profession depuis toujours, à l'instar d'Ammi Ahmed connu pour son amabilité et surtout son entière disponibilité envers ses clients, notamment aux maigres bourses. «Je ne peux, nous confiera- t-il, refuser de leur rédiger une correspondance ou leur remplir un formulaire de carte d'identité ou autre parce qu'ils n'ont pas les moyens financiers de le faire. Je me contente du peu qu'ils veulent bien me donner». Pour les autres c'est 200 DA la correspondance, 100 DA le formulaire et 1 000 DA pour la confection d'un dossier, comme l'ont confirmé des citoyens ayant sollicité les services de ces écrivains autonomes. Une autonomie juteuse à ne point en douter. Cependant, cette affabilité dont se distingue Ammi Ahmed, n'est pas le propre de toute cette corporation, dont certains font preuve d'insolence, voire d'agressivité. En effet, à la seule question de connaître le prix de la frappe dactylographiée, un «dactylographe» a fait preuve d'une insolence, voire d'une agressivité indigne d'une activité qui a toujours été au service des «illettrés». Une activité qui s'exerçait dans un bureau et où les citoyens avaient le loisir de s'asseoir sur des chaises afin de mieux rapporter les faits à même d'être dactylographiés sur papier. Le tout dans une convivialité, un respect mutuel et surtout une grande confidentialité. Une confidentialité qui n'est plus observée de nos jours, vu que le requérant soumet actuellement ses problèmes ou préoccupations personnelles à cet écrivain, nonobstant des oreilles indiscrètes. Il faut dire que le lieu situé en place publique n'est nullement indiqué pour s'abriter de toute indiscrétion. L'essentiel étant de s'acquitter en toute hâte de cette charge administrative ou de cette correspondance sans se soucier outre mesure de son contenu étalé au grand public.