Un climat de tension persiste encore dans la daïra de Beni Aziz, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Sétif, après l'accalmie ayant suivi le mouvement de protestation improvisé par des dizaines de jeunes dans la nuit de samedi à dimanche, juste après le coup de sifflet du match opposant l'ESS au club nigérian du Bayelsa United. Sur les lieux, et à travers de nombreuses artères de la ville, les stigmates des dégâts sont encore visibles sur certaines infrastructures publiques, notamment le nouvel hôpital, le plus touché par les émeutiers. A l'origine de cette énième manifestation dans cette localité, qui a énormément souffert des affres du terrorisme durant la décennie noire, le ras-le-bol de la population qui n'en pouvait plus face à un quotidien de plus en plus difficile à supporter. Les nombreux jeunes que nous avons rencontrés au centre-ville, n'ont pas manqué de soulever mille et un problèmes touchant leur daïra, notamment les mechtas et douars épars, situés au contrefort des Babors. Pour eux, la misère, l'isolement ainsi que le chômage font partie de leur vie quotidienne. Pour les plus âgés, leur mécontentement est tout autre, ils pointent un doigt accusateur vers les responsables locaux concernant la gestion approximative de leur daïra, laquelle est privée de tout. Un ancien membre de l'ALN, authentique moudjahid, faisant allusion à la daïra voisine de Aïn Kebira qui, selon lui, est préviligiée par rapport à Beni Aziz, dira : « Pourquoi ces deux poids deux mesures lorsqu'il s'agit d'attribuer les projets ? Notre daïra est toujours la dernière roue de la charrette. » C'est le même son de cloche chez la majeure partie de la population qui ne s'explique pas les raisons pour lesquelles les gens de Beni Aziz se rendent à Aïn Kebira pour des soins, alors qu'il existe un hôpital à Beni Aziz, malheureusement fantomatique. Les autres services, notamment la Sonelgaz et les Impôts, n'ont pas échappé à la critique populaire. Pour n'importe quel papier, on doit se rendre à Aïn Kebira avec tous les frais et les risques d'accidents de la route. Cette situation a, selon nos interlocuteurs, assez duré ; il faudrait que les autorités locales se penchent sur ce problème qui ne cesse d'empoisonner la vie des citoyens. Il est à rappeler que la daïra de Beni Aziz, quoique enclavée, dispose de grandes potentialités agricoles et surtout touristiques, malheureusement jamais mises en valeur. L'agriculture est délaissée, des champs entiers abandonnés, alors que l'eau n'a jamais été un problème dans cette localité où la forêt offre de multiples débouchés. D'autre part, le tourisme n'attend que sa relance pour donner un nouveau souffle à cette région qui a concédé le meilleur d'elle-même pour la cause nationale et surtout fait parler d'elle durant les années de braises par le sacrifice de ses nombreux enfants. Evidemment d'autres revendications sont venues se greffer aux premières exigences, comme l'emploi pour les jeunes, notamment les universitaires qui sont nombreux et ne trouvent pas d'occupation. Il est donc temps qu'une citoyenneté active s'exprime au bénéfice de la population de Béni Aziz, qui attend beaucoup des autorités.