Un événement classieux mais pas faste, un rendez-vous populaire mais pas démagogue. Mais qu'elle est grande la distance de la théorie à la vie ! Qu'il est long le chemin du pieux sentiment à l'émotion ! En guise de grand-messe, les téléspectateurs ont eu droit à un radio-crochet et c'est tout. Une scène où artistes célèbres – célébrités dans son acception populaire –, et talents en devenir ont eu à se disputer des micro-couplets de chansonnettes, celles qui auront marqué le long périple de l'Unique. Unique au final par son manque de concept, unique par son incapacité à dépasser un indécrottable populisme. Unique surtout par son incurie d'une emphase largement désuète. Qui veut-on tromper en alignant un orchestre à l'effectif étranger – plus des trois-quarts des musiciens ? Comment pérorer sur un parcours d'un demi-siècle si une institution budgétivore telle que l'Unique n'a pas été capable de former un vivier d'artistes dans lequel puiser pour dire sa fierté, sa suffisance, son aplomb de monopoliser un champ médiatique qui pourtant ne peut s'empêcher de prendre l'eau faisant de son building du Boulevard des Martyrs un navire en avaries ? Pour l'institution, on repassera. Eh oui, il faut avoir les moyens de sa politique ou tout au moins assumer de n'en avoir jamais eu une. Notre télévision, comme le reste de notre «univers» créatif, bien à nous, n'aura jamais appris à pratiquer autre chose que le nombrilisme, s'obligeant à croire que le miroir déformant est celui des autres. Cinquante ou cinq ans, télévision algérienne ou nationale, le curseur s'est arrêté d'osciller et de chercher depuis le temps où ce médium a cessé d'être le creuset d'une conscience collective en devenant le bûcher des vanités individuelles. Bref, cette soirée festive mais aussi soirée-bilan, n'aura eu de festive que la déception à voir des artistes, l'indifférence à ressentir d'un public qui rivalisait de négligence et de bougeotte, mais surtout festive par l'arrogance d'un sponsor dont l'envahissement n'avait d'égal que la «saugrenuité». Il aurait été plus aisé d'assumer cinquante ans d'autisme que de dépenser une fois de plus l'argent du contribuable.