Le marché du ciment connaîtra, en 2010, un déficit estimé à 1 million de tonnes, prévient Omar Baki, directeur des ventes à l'Algerian Cement Company (ACC), filiale algérienne du groupe égyptien Orascom Industries, rachetée en 2007 par le groupe français Lafarge. « En dépit de la décision d'importer 1 million de tonnes de ciment cette année prise par les pouvoirs publics, la tension va encore persister », a-t-il indiqué hier, dans une déclaration à la presse, en marge de la tenue des travaux du 6e séminaire sur les technologiques du béton organisé à l'hôtel Hilton d'Alger. Cette insuffisance sur le marché, prévue pour l'année prochaine, est de nature à tirer à nouveau les prix vers le haut. Les tarifs se situent actuellement à des niveaux assez élevés, atteignant les 1200 DA le quintal. Les capacités de production de la société ACC sont estimées à quelque 6,5 millions de tonnes en 2009 contre 5,5 millions de tonnes en 2008, se réjouit M. Baki. Les 12 cimenteries publiques assurent une production annuelle de 11,5 millions de tonnes de ciment. « Il existe encore une forte demande sur le marché », dira-t-il, en pointant du doigt la vétusté des cimenteries publiques comme pour justifier la tension qui pèse sur le marché du ciment. « Il y a une baisse de production au niveau des cimenteries gérées par l'Etat. En plus, elles sont anciennes. Il faut souvent recourir à leur maintenance et cela crée des arrêts dans la production pour un certains temps », explique-t-il. En outre, M. Baki n'a pas manqué d'évoquer le phénomène de la spéculation. « Le problème réside dans le cercle des ventes sur le marché. A la sortie d'usine, le sac de ciment qui coûte 330 DA est écoulé jusqu'à 550 DA le sac. (…) Il est très difficile de contrôler le marché », précise-t-il. Il y a quelques semaines, le gouvernement avait décidé d'aller vers une politique rigoureuse qui consiste à plafonner les marges bénéficiaires pour les vendeurs en gros et au détail applicables au ciment Portland composé et conditionné pour réguler le marché local. Les marges bénéficiaires des grossistes sont fixées à 80 DA le quintal, alors que les détaillants ont droit, quant à eux, à une marge de 120 DA. Ce faisant, les pouvoirs publics espèrent mettre un terme aux agissements d'une faune de spéculateurs sans foi ni loi. Affirmant, toutefois, que ce n'est pas seulement avec des lois que le marché du ciment devrait être régulé, M. Baki n'en dira pas plus. Il rappelle que 40% des ventes sont destinées aux entrepreneurs, alors que plus de 20% vont vers ce qu'on appelle les autoconstructeurs. « On va créer plus de distributeurs pour qu'il n'y ait pas de monopole sur la distribution », dira le directeur des ventes. Pour sa part, Hocine Sadat, directeur marketing de ACC, a évoqué l'emprise de la spéculation sur marché local du ciment. « Ils (les spéculateurs, ndlr) stockent des quantités de ciment et les revendent durant des périodes de grande consommation, notamment au printemps et en hiver. Il est très difficile de réguler le marché », affirme-t-il, l'air impuissant, non sans soutenir que « les arrêts de production dans les cimenteries du secteur public pour des besoins de maintenance créent souvent des tensions sur le marché ».