Peut-on réellement parler de développement du secteur du tourisme dans un territoire insalubre, qui se caractérise de surcroît par une absence manifeste d'une culture environnementale ? C'est le constat qui est fait quotidiennement par les élus, par les responsables locaux des services techniques et de l'administration, et par les citoyens traumatisés par l'ampleur de la saleté qui a pris des proportions inquiétantes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'ensemble des localités. Certains interlocuteurs justifient leur impuissance devant cette saleté par l'inexistence d'une culture de préservation de l'environnement et du cadre de vie. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a pourtant affecté à l'ensemble des communes des dotations en matériel, notamment des tracteurs avec remorque, des citernes d'eau, des camions, des engins et autres équipements utiles pour les opérations de nettoyage. Pour ce qui est de la wilaya de Tipaza, dans le cadre du programme de soutien à la relance économique, 5 opérations relatives à la protection du littoral ont été inscrites. Cette wilaya constituée de 28 communes est pourvue de 19 décharges publiques non contrôlées. En application de la loi 01/19 du 12 décembre 2001, les responsables souhaitent réduire jusqu'à 13 le nombre de ces décharges. Pour le moment, un plan pour leur gestion a été élaboré pour neuf communes seulement. La direction de l'environnement a recensé, selon un rapport officiel, 105 rejets des eaux usées dans la wilaya de Tipaza, dont 66 se déversent directement dans la mer. Un réseau d'assainissement en cours de travaux, sera en mesure de raccorder 29 points de rejet d'eaux usées, au niveau de la partie est du territoire de la wilaya. En dépit de quelques efforts timides initiés par la wilaya, en raison de l'absence de réelles actions de sensibilisation à base, les quartiers des localités très fréquentées sont envahis par des amas d'ordures, tandis qu'à l'extérieur des villes, des débris provenant des démolitions de maisons s'entassent à proximité des chemins et des routes. Les souris et les rats « se régalent » devant les amas de légumes et fruits jetés par les inconscients vendeurs des marchés. Une image choquante s'offre à nos yeux en début de soirée dans un marché populaire : des enfants très peu vêtus en cette période hivernale. Issus de familles nombreuses et démunies, ils font leur tournée après la fermeture des marchés. Des sachets à la main qu'ils remplissent de légumes et fruits récupérés. Des chiens et des chats errants leur tiennent compagnie à la recherche de nourriture. Le plus ahurissant est le fait de voir un certain nombre de souris et rats se mêler au décor. Cependant, des actions inscrites par la wilaya dans le secteur de l'environnement pour l'année en cours, concernant le nettoyage de 35 plages et de 75 cités : le lancement des projets de réalisation des centres d'enfouissement techniques à Attatba, Douaouda et Cherchell, alors que celui de Sidi Rached, qui a connu un retard, verra bientôt les travaux du 1er lot de marché achevés et il restera les trois autres lots à terminer au courant de l'année ; l'élaboration et la consolidation du plan d'urgence de lutte et d'intervention contre la pollution et les catastrophes naturelles et la continuité dans les actions de sensibilisation. Il existe au sein de l'ensemble des établissements scolaires de la wilaya de Tipaza, 17 clubs verts qui avaient été créés. Une création qui répondait à des impératifs beaucoup plus politiques qu'à une volonté de préserver l'environnement à l'intérieur de ces lieux du savoir. La propreté dans les écoles, les aménagements et l'entretien des espaces verts ne font pas partie des préoccupations de l'heure. En plus d'un manque criant de sensibilisation pour protéger et entretenir l'environnement, certains interlocuteurs évoquent l'hypocrisie des responsables locaux. On s'attelle à entretenir uniquement les chemins et les quartiers empruntés par le ou les responsables ... En guise de réponse, d'autres évoquent l'insuffisance des moyens mis à leur disposition. En revanche, l'organisation du travail n'est jamais mise en cause. L'environnement demeure le parent pauvre des secteurs d'activité dans la wilaya de Tipaza, un territoire aussi riche grâce à son passé historique et ses potentialités culturelles, agricoles et halieutiques. Le tourisme prolonge son hibernation. « Tipaza n'est en fait qu'un petit bazar ayant bénéficié d'une médiatisation accrue », nous lance un poète tandis qu'un haut responsable estime que Tipaza est une wilaya stratégique, d'autant plus qu'elle est limitrophe avec la capitale.
