L'effondrement d'un pont datant de la période coloniale, dans la commune de Boghni, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, remet tragiquement à l'ordre du jour la question de l'obsolescence des infrastructures de base dans la wilaya. Le pont qui a emporté dans sa chute, lundi dernier, la vie de trois personnes a été construit il y a plus d'un siècle. Destiné par les autorités coloniales à servir de voie ferrée, le pont a continué à supporter le poids de la circulation automobile un siècle plus tard, cinquante années après l'indépendance nationale. Ce drame résume à lui seul l'échec des autorités en charge du secteur des travaux publics à rénover l'infrastructure routière et à réaliser les ouvrages d'art nécessaires pour asseoir les bases d'un développement économique. Le ministre des travaux publics qui s'est déplacé sur les lieux au lendemain du drame, a donné des instructions, selon le site Internet de la wilaya de Tizi Ouzou, pour «expertiser l'ouvrage effondré». Qu'y-a-t-il à expertiser dans une construction réalisée au début du siècle dernier et qui a été laissée en service, contre toute logique et mesures de prudence, alors que les populations et les moyens de locomotion ne sont d'aucune mesure avec la période coloniale ? On préconise des expertises sur des ouvrages qui devaient être démantelés et relégués il y a des décennies, en lieu et place de sanctions, à tout le moins des remises en cause profondes dans la gestion d'un secteur qui ne manque ni de moyens humains ni d'affectations budgétaires. L'expertise de trois autres ouvrages similaires situés le long du CW 128, annoncée également par le ministre, s'impose d'elle-même, vu qu'il serait irresponsable de mettre encore en danger la vie d'autres citoyens. Mais cela est également un aveu sur la déliquescence du secteur des travaux publics dans la wilaya de Tizi Ouzou, dès lors que des infrastructures datant de plus d'un siècle sont encore ouverts à la circulation. Un plan d'envergure pour la rénovation de l'infrastructure routière dans la wilaya de Tizi Ouzou paraît être l'une des priorités les plus vitales. Pouvoirs publics et assemblées élues sont interpellés sur l'urgence de mettre à niveau cette région connue pour disposer du réseau routier le plus accidenté du pays. A présent, les routes et les ponts ne sont pas seulement dégradés, ils sont quasiment caducs, non opérationnels. Dangereuses, également, puisque des vies humaines peuvent emportées par l'écroulement des ouvrages en ruines. Si l'implantation de projets d'investissements peine à s'opérer dans la région, c'est en partie dû au défaut criard de voies de communication. L'insécurité n'a fait qu'achever de plomber économiquement une région que les pouvoirs publics ont oublié d'intégrer dans des programmes de développement d'envergure.