Ceux qui refusent de se faire plumer à longueur de journée sont contraints de quitter les lieux avec leurs véhicules ou de les garer, au risque de retrouver leurs carrosseries rayées ou carrément embouties. A l'instar de toutes les grandes villes du pays, Biskra n'échappe pas à l'augmentation fulgurante du nombre impressionnant de véhicules qui y circulent sans interruption du matin au soir et à l'impression d'étouffement qui en émane. Si au niveau de la circulation, fluide, sauf aux heures de pointe et à certains points de la ville, les choses s'améliorent à la grande satisfaction de beaucoup d'automobilistes qui pensent que « La reine des Ziban n'est décidément pas faite pour l'automobile », mais qui reconnaissent néanmoins aux escouades pédestres d'agents de l'ordre en charge de la circulation intra-muros, devant souvent suppléer à l'absence de feux tricolores défectueux ou mal réglés tandis que d'autres en scooter sillonnent les artères de la ville à l'affût des contrevenants au code de la route, le fait de mener leur mission avec « sérieux », il n'en est pas de même au sujet de l'organisation des parkings et des aires de stationnement, sujet qui suscite de plus en plus de colère de la part des automobilistes pour lesquels le stationnement de leurs véhicules en ville se transforme en calvaire. « Où que vous vous arrêtiez, un jeune, ne portant aucun signe distinctif, surgit et vous demande de le payer pour le gardiennage du véhicule », racontent plusieurs automobilistes ne sachant plus à quel saint se vouer devant la surexploitation dont ils font l'objet de la part de ces gardiens de parkings et aires de stationnement dont ils dénoncent les agissements. « Il n'y a pas un espace, ni un coin de trottoir, ni une ruelle qui ne soit soumis à cette dîme imposée par des jeunes autoproclamés gardiens de parking. Les alentours du siège de l'APC de Biskra et tout le quartier Zmala, la poste centrale, les directions des Impôts, de l'éducation, de la Badr et toutes les ruelles du centre-ville sont soumis à la taxe de stationnement qui doit s'élever à des millions par an. Il reste uniquement l'université où le stationnement est sécurisé et gratuit », expliquera un chauffeur d'une société étrangère. Parmi les automobilistes, il y a ceux qui acceptent de payer sans rechigner 20, 25 ou 30 DA, « car ces surveillants de voitures ont chacun un tarif, des conditions et des horaires d'exercice différents. » Ceux qui refusent catégoriquement de se faire plumer à longueur de journée sont contraints de quitter les lieux avec leurs véhicules ou de les garer et aller vaquer à leurs affaires, mais au risque de retrouver leurs carrosseries rayées ou carrément embouties par un choc. « Evidemment, il ne se trouvera aucun témoin pouvant décrire l'auteur du forfait », racontera un automobiliste, victime de pareille mésaventure devant l'hôpital Hakim Saâdane de Biskra, où il s'était rendu pour voir une parente hospitalisée. Ainsi, il n'est pas rare de voir ces gardiens d'un nouveau genre et un automobiliste, exaspéré par ce « racket », en venir aux mains. Des querelles entre automobilistes et gardiens, des algarades entre gardiens qui se revendraient des territoires, des bouts de trottoirs et des aires de stationnement, des altercations violentes pouvant se terminer dans un bain de sang sont le lot quotidien des rues de la reine des Ziban. Le phénomène se propage vers toutes les grandes communes de la wilaya. A tel point que le vice-président de l'APC de Tolga a rappelé, pas plus qu'avant-hier à la radio de Biskra, après la survenue d'échauffourées entre bandes rivales exploitant des aires de stationnement sauvages, que la municipalité de Tolga n'avait jamais délivré de patentes d'exploitation pour ce genre d'activité et que les jeunes qui s'y adonnent le font en toute illégalité et sont passibles de poursuites judiciaires. Mais, cela sera-t-il suffisant pour enrayer ce phénomène du gardiennage sauvage des voitures ? Activité « légitime » pour les jeunes souffrant d'un chômage endémique, « illégale » pour les autorités qui souhaitent l'organiser et toucher le pactole qui en découle et « utile, mais souvent excessive et outrancière », estiment les automobilistes.