L'Entreprise publique du bâtiment et des travaux publics de Béjaïa (EPBTP) est, depuis un an environ, dans une situation financière des plus précaires. A défaut de plan de charge, cette entreprise a sombré dans une crise qui pourrait la conduire, à terme, à la faillite. Tout ceci est l'aboutissement logique d'une accumulation de dettes auprès des impôts et des caisses d'assurances. Faute d'être à jour vis-à-vis du fisc et des assurances, l'EPBTP ne pouvait plus soumissionner pour avoir un marché. Néanmoins, les directions régionales des Impôts, de la CNAS et de la CACOBAT ont pu trouver des compromis avec les responsables de cette entreprise publique et leur avaient fourni les documents nécessaires aux soumissions. Grâce à l'aide de ces organismes, l'EPBTP a enfin eu le droit de soumissionner pour une demi-douzaine de grands projets. Mais ce n'est pas gagné pour autant. Selon la section syndicale et des cadres de l'entreprise, « la concurrence avec les entreprises de bâtiments privées est déloyale. » Et d'ajouter : « C'est un problème qui touche toutes les entreprises publiques du bâtiment à l'échelle nationale. » L'on pense que le secteur du bâtiment est marqué par des pratiques douteuses. Les conséquences sont désastreuses pour les 313 ouvriers que compte l'EPBTP. Ceux-ci nous parlent de cinq mois d'arriérés de salaires. Ils sont également privés de toute augmentation ainsi que des allocations familiales et d'un tas d'autres droits. Les travailleurs aux ateliers de l'annexe d'El Kseur ne font plus rien depuis le début de l'année en cours. Ces derniers se contentent de se présenter le matin et quittent leur lieu de travail à midi. Pour beaucoup d'entre eux, « cette situation est le fruit d'une mauvaise gestion. » Les ouvriers protestent pratiquement chaque semaine sans que la section syndicale ne puisse prendre en charge leurs revendications. « Le directeur général nous a clairement annoncé que nous n'allons pas recevoir nos salaires mais qu'ils feront tout pour que nous puissions avoir des acomptes » affirme un employé. En dépit des propos rassurants des dirigeants, les travailleurs sont inquiets. L'avenir de cette entreprise est incertain. De leur côté, les responsables de l'EPBTP interpellent les autorités sur le problème des créances impayées pour de nombreuses réalisations, telles que la maison de la culture et la piscine de Béjaïa. Ces mêmes responsables espèrent que l'EPBTP sera sauvée par le plan de relance. « Nous attendons des autorités qu'elles nous octroient des plans de charge. Ça sera pour nous une occasion de prouver notre sérieux et notre savoir-faire en faisant un bon travail et en respectant les délais » nous dit-on à la Direction. Pour ce qui est de la dette de l'entreprise, nous n'avons pas pu connaître son montant. Celle-ci, selon le directeur de l'administration générale, n'est pas arrêtée. Nous avons appris, dans un autre registre, que l'association des acquéreurs des logements que construit l'EPBTP n'arrêtent pas de mettre la pression sur cette dernière afin qu'elle termine les travaux. La promotion immobilière, sise prés du boulevard Krim Belkacem à Béjaïa, tarde à voir le jour alors que le plus gros du travail est fait. L'EPBTP active depuis une trentaine d'années et comptait autrefois prés de 2000 employés. L'entreprise a une qualification de catégorie 7 et possède des engins et les équipements nécessaires à son activité. Pourtant, elle n'arrive toujours pas à assurer ne serait-ce que la charge salariale des travailleurs.