Sans surprise aucune, la neutralisation de l'exploitation des carrières d'agrégats, quel qu'en soit le motif, ouvre la porte à la dilapidation effrénée et sans retenue des sables des oueds dont la demande ne fait que croître. En dépit d'un tissu réglementaire mis en place, entre décrets exécutifs et arrêtés de wali, ces quatre dernières années notamment, rien ne semble arrêter le pillage du sable dans les lits des oueds. Pire encore, ces dernières années, les pratiques maffieuses tendent vers la banalisation. Le lit du Sebaou dont l'amont découle des confins du Djurdjura dans la wilaya de Tizi Ouzou jusqu'à Dellys (Boumerdès), où prend fin son aval, est devenu la cible privilégiée des dizaines d'engins d'extraction et de transport de sable. Les réseaux exploitant cette activité et qui semblent bénéficier de l'impunité se renforcent de plus en plus au point de devenir une véritable filière qui travaille à la chaîne. Depuis l'engin d'extraction, des bulldozers généralement, jusqu'aux camions de transport qui approvisionnent même des chantiers dans les wilayas de Blida ou Tipasa, les pots-de-vin doivent être distribués à plusieurs niveaux. Une condition sine qua non pour éviter d'éventuels démêlés avec les barrages de contrôle, notamment ceux de la gendarmerie. Son secteur étant le premier à subir les conséquences de ce désastre, en 2009 le ministre des ressources en eau de l'époque, Abdelmalek Sellal, impose l'interdiction de l'exploitation des cuvettes des oueds pour l'extraction de sable dans les wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès, en se rendant compte des dégâts causés. Mais, quatre ans plus tard, cette «maffia du sable» continue à prouver sa force et sa puissance en persistant dans son activité. Le paradoxe dans cette arène est l'interdiction signifiée aux sablières agréées qui, à leur époque, «étaient tenues à un cahier des charges qu'elles respectaient, à commencer par les quotas annuels autorisés et les périodes d'ouverture et de fermeture», regrette un gérant d'une ancienne sablière aujourd'hui mise à l'arrêt alors que son site d'exploitation est envahi par des extracteurs clandestins au vu et au su des services publics. En effet, une virée sur le site a permis de constater l'étendue du désastre que ce cours d'eau continue de subir avec le pillage massif de son sable. De petites unités d'extraction de sable se sont installées au mépris de la loi interdisant l'exploitation du sable de l'Oued Sebaou ont remplacé les 8 sablières fermées dans le but de protéger les ressources hydriques. Une vue générale permet de remarquer les dizaines d'hectares de terres agricoles terrassées, des berges affaissées, des cultures détruites, des excavations de 10 à 20 mètres de profondeur et des amas de sable.