El Khaiwani avait été condamné, le 26 janvier 2009, à six ans de prison pour « collaboration avec la rébellion du Nord ». La cérémonie de remise du prix Omar Ourtilane pour la liberté de la presse organisée à l'hôtel Hilton a été mémorable, et le lauréat, le Yéménite Abdelkrim El Khaiwani, en était tout fier. La soirée au cours de laquelle les prix ont été remis aux gagnants de la tombola d'El Khabar, s'est prolongée avec un gala du chanteur Baâziz. Le président du jury, Ahmed Bedjaoui, rappellera que la 10e édition du prix coïncide avec la 19e année de la création du journal El Khabar qui s'est fait fort de lutter pour la liberté d'expression. « La presse libre est née dans un contexte difficile, mais elle a tout de même avancé. El Khabar en est l'une des figures de proue »,a-t-il assuré. « Le choix n'a guère été difficile, soutient le critique de cinéma. La commission qui s'est réunie en avril a fait le choix sur un journaliste étranger. Après discussion, il était évident qu'El Khaiwani méritait cette distinction. Le lauréat a eu des ennuis avec le président de son pays mais n'a jamais plié. » Abdelkrim El-Khaiwani avait eu des mots bien sentis. « Je ne suis pas le meilleur journaliste au Yémen et je suis loin d'être un héros, assène-t-il. Par cette distinction El Khabar favorise la parole libre. Les dirigeants arabes veulent le contraire : une information dirigée où la presse est soumise aux désidératas des décideurs. » Le journaliste du quotidien Ashura affirme que les problèmes vécus par la presse dans le monde arabe sont partout pareils, « seuls diffèrent les contextes nationaux qui imprègnent les professionnels des médias ». Tout en lançant des piques acerbes aux régimes autoritaires, El Khaiwani fera la vulgate du parfait journaliste. « Le pouvoir veut nous obliger à dire oui au système héréditaire et à la corruption. La presse doit se faire violence et dire non à toutes ces pratiques de régimes qui se maintiennent par la terreur. Le journaliste est pour l'alternance au pouvoir et ne doit pas se soumettre au fait de prince », affirme-t-il. Il rappellera les pratiques malheureuses du régime de Sanaâ qui a permis le kidnapping d'un collègue opposant au régime. « Les services de sécurité ont kidnappé mon collègue, nous devons en être solidaires. Notre responsabilité est importante. Notre seule manière de triompher est de faire pression sur les puissants », assure-t-il. El Khaiwani avait été condamné, le 26 janvier 2009, à six ans de prison pour « collaboration avec la rébellion du Nord », par un tribunal pénal spécial chargé de juger les affaires de terrorisme. Ancien rédacteur en chef du journal Al Shura et collaborateur de médias indépendants, El-Khaiwani a été gracié, rappelle un rapport de l'ONG Reporter sans frontières (RSF) dans un document, par le président de la République, Ali Abdallah Saleh, le 14 mars 2009. « Cette grâce est venue confirmer le pardon accordé par Ali Abdallah Saleh à Abdelkrim El Khaiwani en septembre 2008, suite à sa condamnation en première instance en juin 2008 ».