Quelques repères qui confirment qu'à l'instar de l'Algérie, 1945 fut l'année où tout se joua vraiment pour l'écrivain. 1929 : Naissance à Constantine, probablement le 2 août. Mais son grand-père l'inscrira à Conté Smendou (aujourd'hui Zighout Youcef) le 6 du mois. Avec ce nom prédestiné de Kateb (l'écrivain ou l'écrivant), Yacine naît de plus dans une famille de lettrés : son grand-père maternel est cadi suppléant et son père avocat. 1934 : Apprentissage de l'arabe et des bases de la religion à la medersa de Sedrata. 1935 : Ecole primaire française à Bougaâ (ex-Lafayette) en Petite Kabylie. 1941 : Entrée à l'internat du lycée Albertini (aujourd'hui Kerouani) de Sétif. 1945 : Une année décisive. Alors élève de troisième, il participe aux manifestations du 8 Mai. Il est arrêté et incarcéré pendant deux mois durant lesquels on lui annoncera son exécution prochaine. Libéré en septembre, cet événement le marquera à jamais et enracinera son engagement pour la cause nationale. Il dira plus tard : « Je suis né le 8 mai 1945. » Suit une période de dépression où il se plonge dans les poèmes de Baudelaire et Lautréamont. Exclu du lycée de Sétif, son père réussit à le faire inscrire au lycée de Bône (aujourd'hui Annaba). Il rencontre l'inspiratrice de Nedjma, en fait sa cousine, déjà mariée, et qui est sa correspondante auprès du lycée. 1946 : Publication de son premier ouvrage, un recueil de poèmes intitulé Soliloques, Ed. Ancienne imprimerie Thomas, Bône, 1946. Réédition (avec une introduction de Kateb Yacine), Ed. Bouchène, Alger, 1991. 1947 : Après avoir donné plusieurs conférences organisées par le Parti du peuple algérien (PPA), il se rend à Paris où il donne une conférence sur l'Emir Abdelkader à la Salle des sociétés savantes. Il n'a que 18 ans et sa maîtrise de la langue française et son érudition étonnent l'auditoire. Il adhère au Parti communiste algérien. 1948 : Second séjour en France et publication dans la revue Le Mercure de France de Nedjma ou le poème ou le couteau qui préfigure son futur roman Nedjma. 1949 : Il devient journaliste au quotidien Alger Républicain (jusqu'en 1951). Grand reportage à Djeddah et à Port-Soudan 1950 : Au mois de juin, décès de son père à l'âge de 52 ans des suites d'une tuberculose. 1951 : Avec Malek Haddad, il débarque à Marseille. Les deux jeunes gens travaillent dans le Midi comme vendangeurs, manœuvres et veilleurs de nuit. Puis ils se rendent à Paris où Issiakhem, étudiant-boursier à l'Ecole supérieure des beaux-arts, les prend en charge. Apprentissage de Kateb Yacine dans les métiers du bâtiment et de la soudure. 1954 : Il fréquente assidûment les milieux nationalistes algériens et rencontre de nombreux intellectuels et artistes européens. Il aura notamment cette année un long entretien avec Berthold Brecht, le grand dramaturge allemand, rencontre qui l'influencera profondément dans ses choix au théâtre. La revue Esprit publie sa pièce Le cadavre encerclé. Jean-Marie Serreau la met en scène mais elle est interdite. 1956 : Parution de son seul et unique roman Nedjma aux éditions du Seuil. Il voyage beaucoup, ce qui lui permet d'échapper aux harcèlements de la DST française. Il est invité en Allemagne, en Belgique, en Italie, en URSS, en Yougoslavie… 1962 : Juste après l'indépendance, il rentre en Algérie après un séjour au Caire. Il reprend à Alger Républicain. Il effectue de nombreux séjours en URSS, en Allemagne et en France 1963 : Pour la première fois, une de ses pièces est portée à la scène, La femme sauvage, achevée en 1959 et jouée à Paris. 1964 : Publication dans Alger Républicain de six textes sur Nos frères indiens sur les Indiens d'Amérique. Publication d'un article dans Jeune Afrique sur sa rencontre avec Jean Paul Sartre. 1965 : Publication à Alger, dans Révolution africaine du texte La Rose de Blida qui relate l'internement de sa mère à l'hôpital psychiatrique de Blida. 1967 : Représentation à Paris de la pièce Les Ancêtres redoublent de férocité. Séjour au Vietnam où naît sa pièce L'homme aux sandales de caoutchouc. Création avec Issiakhem d'un supplément dans Algérie Actualités intitulé Le Chameau prolétaire qui sera vite suspendu. 1968 : Première représentation d'une de ses pièces en Algérie La poudre d'intelligence donnée à Alger en arabe dialectal. 1970 : Représentation au TNA à Alger de L'homme aux sandales de caoutchouc. Il s'oriente alors résolument vers le théâtre en arabe dialectal et s'établit de manière plus stable en Algérie. 1971 : Première expérience théâtrale avec la troupe amateur Le Théâtre de la mer de Bab El Oued. Kateb Yacine réussit à faire prendre en charge la troupe par le ministère du Travail, grâce au ministre, Mohamed Saïd Mazouzi, et son collaborateur, Ali Zamoum. Elle deviendra l'Action culturelle des travailleurs (ACT) et sillonnera durant près de 5 ans le pays avec les pièces Mohamed, prends ta valise (1971), sur l'émigration ; La Voix des femmes (1972) ; La Guerre de deux mille ans (1974) ; Le Roi de l'Ouest (1975), satire du roi Hassen II ; Palestine trahie (1977). Le répertoire de la troupe aux engagements sociaux et politiques marqués va au-devant d'un public populaire : villages, fermes, quartiers, usines, universités… 1972 : Début d'une tournée jusqu'en 1975 en France et en RDA où des ouvriers algériens ont été envoyés en séjours de formation travail. 1978 : Il est nommé directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, décision qui sera interprétée comme une volonté de l'éloigner et de mettre fin à l'expérience de l'ACT. 1980 : Le 7 octobre, décès de sa mère âgée de 74 ans, après près de 25 ans d'internement psychiatrique à Blida. 1986 : Début d'écriture d'une pièce sur Nelson Mandela. 1987 : Il reçoit en France le Grand prix national des lettres. Lésions pulmonaires et hospitalisation. Il arrête de fumer. 1988 : Il écrit Le Bourgeois sans culotte ou le spectre du Parc Monceau, pièce sur Robespierre dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française. Installation à Vercheny dans la Drôme. Voyage aux Etats-Unis. Retours fréquents en Algérie. Début d'un manuscrit sur les événements d'octobre 1988 en Algérie auxquels il a assisté. 1989 : Décès le samedi 28 octobre, à 8 h 30 à l'hôpital de la Tronche à Grenoble, à l'âge de 60 ans. Enterrement le 1er Novembre au cimetière d'El Alia à Alger en présence d'une nombreuse foule et de plusieurs représentants de l'Etat. 2003 : Il est le premier dramaturge étranger à entrer dans le répertoire de la Comédie française avec la représentation d'une adaptation de Nedjma (Mohamed Kacimi, mise en scène Ziani Cherif Ayad) et une mise en espace d'une sélection de ses textes en ouverture de l'Année de l'Algérie en France. 2009 : Son fils, Amazigh Kateb, ancien leader du groupe Gnawa Diffusion, sort un album le 17 octobre en hommage aux victimes du 17 octobre 1961 à Paris et en hommage à son père. L'album contient des textes de Kateb Yacine.