Dénoncer la censure Esprit libre et (parfois) tortueux, Mohamed Staïfi lance un journal satyrique distribué gratuitement pendant le Salon du livre. Parlez-nous de votre projet… Je vais lancer le premier journal satyrique Sans papier. En effet, je n'ai pas d'autorisation officielle et l'impression se fera clandestinement. D'ailleurs, j'adresse un petit clin d'œil au ministre chargé de nous accorder cette autorisation. Il trouvera dans le journal un petit bon d'autorisation de diffusion, s'il le veut, il pourra le remplir et me le renvoyer ! Le premier numéro est composé de 8 pages et mêle des planches de bande dessinée, des chroniques en arabe et en français. A terme, j'aimerai arriver à 12 pages et pouvoir intégrer aussi des dessins ou des articles en kabyle. Pourquoi un tel projet ? Tout d'abord, je tiens énormément à l'idée de traduire des chroniques de la presse francophone en arabe. Et vice-versa. Je pense que c'est le véritable problème de la presse en Algérie, son lectorat est segmenté. Pour le premier numéro, par exemple, nous allons publier des chroniques de Chawki Amari traduites en arabe pour les rendre accessibles à tous les lecteurs. Ensuite, ce mensuel est une forme de protestation contre les pressions officieuses et officielles à l'égard de la presse satyrique en Algérie. Je veux forcer la porte des autorisations pour offrir un espace d'expression satyrique. Le message principal de ce mensuel, c'est dénoncer la censure et le recul des acquis républicains et démocratiques, notamment pour la presse. D'ailleurs, je lance un appel à tous les dessinateurs de presse algériens afin que ceux qui souhaitent participer à la rédaction du mensuel. Où peut-on trouver votre journal ? Symboliquement, nous allons le distribuer gratuitement lors du Salon international du livre d'Alger. Il sera aussi disponible sur le réseau social en ligne Facebook… Ce sera un « hyt demoqrati chaabi ». Dessinateurs, auteurs, journalistes, tous pourront s'exprimer dans les « colonnes » du compte Facebook. Cela fait quinze ans que je commente l'actualité en dessins, j'ai même été arrêté pour délit de presse. Aujourd'hui, j'essaye de profiter de ce que nous offre la technologie, via Internet mais aussi via l'informatique. A chaque publication sur Internet, nous nous efforcerons de poster les pages au format journal. Comme ça, même avec un seul lecteur par wilaya, soit 48 lecteurs en tout, chacun peut imprimer un exemplaire chez lui et le diffuser… Là aussi en le collant sur un mur ou en distribuant des photocopies.