De notre correspondant à Ghaza Ainsi, le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz, vient de décréter, comme par enchantement, le dégel des montants des droits et taxes douanières qu'Israël prélève sur les marchandises palestiniennes transitant par ses ports et aéroports. Mais pas pour les beaux yeux des Palestiniens. Ce ministre espère en contrepartie obtenir que le Fatah ne cautionne pas le processus de réconciliation avec le mouvement Hamas. C'est ce qu'a révélé hier, sur les ondes de Radio Palestine, Saeb Erekat, membre du comité central du Fatah, qui a qualifié la position israélienne de «chantage bas exercé contre les Palestiniens». M. Erekat a exprimé son total refus des déclarations du ministre israélien des Finances et a affirmé que «la réconciliation constituait un intérêt supérieur pour le peuple palestinien qu'il faut réaliser». «Ces déclarations montrent le vrai visage de l'occupation israélienne, qui veut donner des directives au peuple palestinien et exerce une piraterie à visage découvert. Israël ne veut pas de réconciliation et aux peuples arabes d'en être conscients», a conclu Saeb Erekat. En effet, depuis que la direction palestinienne a réussi son défi de faire admettre la Palestine à l'Organisation des Nations unies comme Etat observateur non membre, en novembre 2012, Israël a décidé de la punir en la privant de près de 120 millions de dollars mensuels, un argent palestinien puisqu'il représente les droits et taxes de douane prélevés par Israël sur des marchandises palestiniennes. Diviser pour… coloniser Cette mesure a plongé l'Autorité palestinienne dans une grave crise financière, au point de ne plus être capable de verser régulièrement les salaires de ses employés militaires et civils. Si aucune solution n'est trouvée à ce problème financier, qui empêche l'Autorité palestinienne de respecter ses engagements envers ses employés et ses différents partenaires économiques, c'est son existence qui devient incertaine et, au cas où elle serait dissoute, elle laisserait place à un chaos dévastateur. Il y a lieu de noter que les gouvernements israéliens successifs ont affaibli militairement l'Autorité palestinienne dans la bande de Ghaza en détruisant une grande partie des sièges des services sécuritaires, alors que la force militaire du mouvement Hamas prospérait durant l'intifadha d'El Aqsa déclenchée en 2000. En 2005, Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, à l'époque Premier ministre, avait décidé le retrait unilatéral de la bande de Ghaza comme si l'Autorité palestinienne n'avait aucune domination sur ce territoire. En 2007, bien qu'il soit à la tête du gouvernement désigné par le président Mahmoud Abbas, le mouvement Hamas a choisi de gouverner en solo la bande de Ghaza en contrôlant par la force l'ensemble des institutions militaires et civiles de l'Autorité palestinienne. Des centaines de Palestiniens, pour la plupart de simples éléments des forces sécuritaires de l'Autorité palestinienne et non des responsables, ont péri dans les affrontements armés qui n'ont duré que quelques jours, en juin 2007. Ce putsch armé a signé le début de la division palestinienne. Le mouvement Fatah, à sa tête le président Abbas, a conservé le contrôle des villes de Cisjordanie occupée, tandis que le Hamas a renforce sa prise sur la bande de Ghaza.