C'est dans la discrétion la plus totale que s'achèvera, bientôt, la cinquième campagne annuelle de distribution de repas chauds aux personnes sans domicile fixe (SDF) que mènent les bénévoles de l'Association des anciens scouts et amis des scouts de la ville de Tizi Ouzou. Dans quelques jours donc, le 31 mars précisément au soir, aura lieu la dernière sortie de la maraude pour la saison hivernale 2012-2013. Ce véhicule utilitaire, que l'on aperçoit chaque soir depuis le 1er décembre 2012 parcourant les quartiers de la ville de Tizi Ouzou, va, sans relâche et avec une remarquable persévérance, tous les soirs, à la rencontre des SDF pour leur distribuer des repas chauds accompagnés de desserts, de boissons chaudes, et cela, surtout, avec de la bienveillance envers ces personnes et de la compassion pour la situation qu'elles vivent. Cette opération caritative, entreprise par l'Association des anciens scouts et amis des scouts de la ville de Tizi Ouzou, en est à sa cinquième saison depuis le 1er décembre 2008, date de son lancement. Il convient de rappeler que cette association a obtenu son agrément des autorités de la wilaya de Tizi Ouzou le 16 mai 2006, il y a donc bientôt sept ans. Par quel miracle ? Quel est le secret du succès de cette opération ? Comment pouvons-nous expliquer la longévité de cette action ? Où les membres de cette association puisent-ils ce degré de dévouement, cette endurance, pourrions-nous dire, dans cette entreprise humanitaire ? Il faut dire d'abord que cette action mobilise une vingtaine de personnes qui se relaient pour mener à bien non seulement la distribution proprement dite des repas, mais surtout leur préparation qui nécessite une rigueur certaine. Indéniablement, c'est bien grâce à l'ensemble de ces bénévoles, à leur disponibilité, que se poursuit chaque année cette opération salutaire. Des donateurs généreux, indispensable ! Il faut aussi rendre grâce aux généreux donateurs tizi-ouziens qui ont toujours devancé les besoins de l'Association en termes d'argent lequel, indubitablement, constitue le «nerf» de cette opération puisqu'il permet d'affranchir les organisateurs dans la préparation des repas qui connaissent une variation quant aux menus préparés. Ces dons permettent également d'acquérir des vêtements, dont des chaussettes et des gants pour se protéger du froid ainsi que des couvertures et, parfois, des sacs de couchage. Le restaurateur, ce Monsieur De nombreuses autres questions viennent à l'esprit : comment rendre possible une sortie de la maraude ? Qui concocte les repas ? Comment ? Où sont préparées les boissons chaudes ? Mais, d'abord, qui s'occupe de «faire les courses» ? S'il est une réalité qu'il faut mettre en avant d'entrée, c'est incontestablement le degré d'abnégation avec lequel sont confectionnés les repas ; c'est tout simplement sidérant. Le restaurateur Mourad T. et ses employés sont toujours à la disposition des organisateurs depuis les débuts. Si, pour une raison ou pour une autre, les ingrédients servant à préparer les repas ne lui sont pas fournis, lui et ses admirables collaborateurs se chargent de le faire en puisant dans leur propre réserve. De temps à autre, des offrandes (waâdate), des présents sous forme de repas préparés à la maison, sont proposés à l'Association en vue d'être offerts aux personnes en détresse qui se trouvent dans les rues de la ville de Tizi Ouzou. Ces dons en nature sont également un appoint non négligeable pour ce type d'opérations. Le SAMU social, un besoin impérieux Durant leurs sorties, il arrive quelquefois que les bénévoles se retrouvent devant des cas dramatiques qui nécessitent une intervention particulière comme une prise en charge médicale ou un abri d'urgence. Or, il leur est impossible de les mettre à l'abri, les moyens dont dispose l'Association ne le permettant pas. Tout le monde en conviendra, il est des tâches délicates qui ne peuvent être prises en charge pour le moment, dans notre pays, que par les services de l'Etat. Justement, à propos de ces derniers, il y a lieu de dire que cette année – et c'est une première – la Direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Tizi Ouzou a contribué à l'opération en remettant à l'Association dix cartons de denrées alimentaires, dont une partie seulement a été utilisée au profit des SDF (pâtes, sucre, thé et concentré de tomate). Le reste a été distribué aux familles nécessiteuses de la ville de Tizi Ouzou (semoule, farine, s'men, café, huile et lait). Parfois, cette même direction délègue une équipe(1) pour suivre la maraude de l'Association et constater de visu la situation déplorable que vivent ces sans-abri. Cet accompagnement demeure épisodique car, malgré sa bonne volonté, cette équipe se compose de personnes qui sont avant tout des «administratifs» qui, au bout du compte, n'ont pas la latitude d'agir face à certains cas dramatiques. Il est regrettable de constater que le SAMU social n'a qu'une existence virtuelle. Il est plus qu'urgent de l'installer officiellement tout en lui donnant les moyens appropriés pour mener à bien sa mission. Le transport, une épine de moins Jusqu'à cette saison, les organisateurs ne pouvaient compter que sur H. C. qui, durant les quatre saisons précédentes, avait mis son fourgon à leur disposition, celui-là même avec lequel il travaille durant la journée. Cette année se sont joints à lui deux autres bénévoles, Nacer B. et Hakim D. qui, en offrant leurs services et leur véhicule utilitaire facilitent la tâche à celui qui coordonne l'opération, à savoir Hocine B., lequel, ainsi, peut pallier à toute défaillance de dernière minute. Il faut dire que ce cas de figure ne s'est jamais produit jusqu'à présent. Ces «chauffeurs-livreurs» sont quelquefois relayés par d'autres bénévoles, dont Boualem A., Nabil G. et Amine M. qui sont toujours prêts à prendre le relais. D'autres membres de l'Association collaborent à la réussite de cette action qui n'a d'autre but que de porter secours aux plus défavorisés. Parmi eux l'on retrouve Nourredine B., Mahmoud D. et Idir Y. B. qui se dévouent pour préparer les boissons chaudes alors que des sympathisants, tels Merzouk H., Fayçal M. et Krimo R., savent se rendre disponibles pour suppléer d'éventuelles absences qui, fort heureusement, sont rarissimes. Un certain nombre de jeunes bénévoles, malgré la charge de leurs études, gravitent autour des «permanents» et collaborent parfois aux sorties nocturnes. Il s'agit particulièrement de Rachid A., Salim A., Redha B., Zakaria B. et Sid-Ali Z. De la bonne humeur, il en faut aussi Il arrive parfois que le privilège soit offert à quelques amis de l'Association, de passage à Tizi Ouzou, de partager avec les bénévoles la tournée d'un soir parmi les 121 maraudes de la saison actuelle. Avant de se joindre à l'équipe de sortie, il leur est offert de goûter au repas-témoin ainsi qu'à la boisson chaude qui seront distribués ce soir-là. Durant leur déplacement en compagnie des bénévoles, ces sympathisants de l'opération reviennent souvent scandalisés par le degré de précarité que vivent les sans-abri. Toujours est-il que, quel que soit le statut social de ces visiteurs, bénévoles d'un soir, il demeure entendu que les personnages centraux de ces sorties de la maraude ne peuvent être que ces démunis dont, malheureusement, la présence dans les venelles de notre ville est la raison d'être de ces campagnes de distribution de repas chauds. Ces amis des scouts, parfois d'anciens scouts eux-mêmes, gardent des virées auxquelles ils ont pris part une image de la bonne humeur qui prévalait car, figurez-vous, il y a lieu de noter l'ambiance conviviale qui règne au sein des équipes de bénévoles ; ils ne manquent pas de la transmettre aux pauvres malheureux qu'ils trouvent dans les rues. C'est une dimension essentielle de ce type d'action. Parmi les anecdotes rapportées par les participants à cette opération de bienfaisance, l'on retiendra celle se rapportant aux fortes chutes de neige de février 2012 au cours desquelles l'équipe de bénévoles n'a pu poursuivre son action qu'à l'aide de chaînes qu'elle a confectionnées elle-même pour que le fourgon à traction arrière puisse accomplir sa mission. Une autre anecdote concerne le vieil homme amnésique dont on a retrouvé la famille grâce à une annonce parue dans un journal qui n'avait pas échappé à la lucidité d'un bénévole de l'Association. C'est un devoir que de rendre grâce à toutes les personnes impliquées dans cette action caritative : les bénévoles, qu'ils soient membres ou sympathisants de l'association, les donateurs, que ce soit ceux qui donnent des sous ou ceux qui font des offrandes et, surtout, le restaurateur, omniprésent, de même que ses employés, qui accompagnent l'association depuis cinq années. Enfin, il est difficile de se retenir, à la fin de cette contribution, d'évoquer la phrase prononcée spontanément par une dame en apercevant des adhérents de l'Association en train de décharger des couettes destinées à être distribuées aux familles nécessiteuses en s'exclamant ainsi : «C'est bien de faire du bien !»(2) «Ceux qui dépensent leurs biens pour la cause de Dieu, sans chercher à en tirer vanité ni à porter préjudice à autrui, ceux-là trouveront leur rétribution auprès de leur Seigneur et n'auront à éprouver ni crainte ni peine.» Le Saint Coran, sourate 2 : La vache (Al Baqara) verset 262.
Notes : (*) Profil facebook Maison de la mémoire tizi-ouzienne 1) Actuellement, cette équipe comprend un médecin, une psychologue, le chef de service et un chauffeur. 2) Doit-on signaler que cette même dame, Mme Salima B. pour la nommer, donne gratuitement des cours de soutien aux élèves en classe d'examen dans le local de l'Association.