Entamée le 17 octobre dernier, la campagne itinérante de promotion du dépistage sanitaire auprès des populations de 10 régions rurales issues de 4 wilayas de l'Est à faible couverture sanitaire a été achevée samedi 31 du même mois. Organisée par l'association AnisS, ONG de lutte contre les IST/sida et de promotion de la santé en collaboration avec la direction de la santé de la wilaya, le centre de référence de prise en charge des IST/sida, les cellules de proximité de l'Agence de développement social (ADS) et le laboratoire international Novo Nordisk, cette opération a permis de tirer des enseignements les uns plus importants que les autres. « Au-delà de l'engouement populaire à l'action, le bilan confirme la progression alarmante des maladies non transmissibles dans les régions visitées et met en évidence la disparité en matière de couverture sanitaire dont souffrent ces populations. » Telle est la conclusion à laquelle est arrivé le docteur Scander Soufi, président de l'association AnisS, et annoncée lors d'un point de presse tenu hier au siège de l'association. Lui, qui a mené personnellement l'opération avec son équipe, déplore à l'occasion « le manque flagrant en matière d'information et de prise en charge de la santé sexuelle et reproductive des femmes de ces régions isolées, à savoir la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles, le manque de conseils lors de la grossesse et l'accouchement... » « Cet état de fait peut induire des conséquences graves sur la santé de la femme rurale. La situation est due à l'éloignement des structures sanitaires et au tabou entourant la santé sexuelle et reproductive des femmes rurales. » AnisS « a donc prévu de renforcer les interventions relatives à cette thématique au cours des prochaines actions », révèle le Dr Scander. Classées extrêmement pauvres par différentes enquêtes étatiques ou indépendantes, les 10 localités situées à travers quatre wilayas de l'Est, en l'occurrence Kouri Hamadi (Tréat), Sidi Hamed et Mekhalfa (El Eulma) et Bouzizi (Seraïdi) de la wilaya de Annaba ; de Aïn Assel (El Tarf) ; de Aïn Sandel et Boumahra (Guelma) ; Bouchata et Cheraïria (Skikda) et les localités situées à Ibn Ziad et El Khroub (Constantine) ont été approchées de près. Ainsi, 20% des habitants de ces agglomérations ont bénéficié du dépistage des maladies non transmissibles (diabète, hypertension artérielle) ainsi que d'entretiens individuels d'information et de promotion du dépistage des infections sexuellement transmissibles (syphilis, hépatites, gonococcie) et du sida. Une prise en charge s'en est suivie, donnant lieu à la distribution de 1000 lots de médicaments par les pharmaciens d'AnisS après une prescription médicale. Il a été relevé aussi lors de cette action menée sur le terrain qu'un nombre considérable de malades chroniques démunis ignore les différents mécanismes et dispositifs leur permettant d'accéder et de rembourser les soins et les médicaments. « Ils sont de ce fait dépourvus de toute couverture sanitaire, ne bénéficiant pas de traitements qui leur sont vitaux », ajoute le médecin avant de conclure : « L'organisation de telles actions intégrant la prévention du sida dans un ensemble de préoccupations sanitaires des communautés a permis de contourner les obstacles culturels et le tabou entourant cette maladie, et de mieux informer les populations sur ses modes de transmission et de prévention. »