– Qu'est-ce qui vous a motivé à faire du doublage ? Le doublage est désormais une nécessité dans le monde du 7e art. L'idée du doublage remonte à l'année 2003, avec l'adaptation de sketchs en tamazight. Dans le cadre de promouvoir la langue amazighe, nous avons pensé à réaliser des doublages de films étrangers en langue amazighe. Etant aussi éditeur, nous sommes dans l'obligation de créer et travailler pour produire, afin de commercialiser ces films. Il ne faut pas oublier que cette nouvelle vocation est rentable.
– Certains disent que le doublage trahit les œuvres originales. Qu'en pensez-vous ?
Au contraire. A condition de maîtriser l'art et les techniques du doublage. Garder «toujours» l'âme et le thème original du film est une nécessité. Et aussi revoir le texte et le réadapter selon notre culture (la culture amazighe, ndlr). Le doublage a un rôle «primordial» : rassembler tous les membres de la famille devant l'écran. En matière de respect de l'œuvre originale, nous suivons toujours le chemin de Muh u Yahia (Mohia Abdellah, écrivain, poète et traducteur de langue amazighe, ndlr) qui est le premier adaptateur de pièces théâtrales et sketchs en tamazight. L'exemple de la jarre, une œuvre de Luigi Pierrot Delanaöe, à laquelle Mohia a insufflé l'âme amazighe dans un décor rustique. Pour des raisons marketing, on retrouve deux doublages en tamazight du même film, le cas de la saga Li Muccucu 3 (Les Chipmunks3). Le succès de ces films doublés a engendré des concurrents. Malheureusement, ces clans ont pour but de casser la langue et la culture amazighes. Pour eux, ce qui compte, c'est d'encaisser de l'argent. Ils sèment la division et le régionalisme entre les Kabyles avec leur «sale» produit. En effet, ils utilisent pour leur doublage un dialecte pas une langue standard. Ces clans sont très dangereux pour l'unicité de la langue et la culture amazighes.
– Qu'est-ce qui, selon vous, est le plus difficile dans votre métier ?
Le piratage de films. C'est un handicap pour la production cinématographique. Quand nous réalisons des produits cinématographiques, nous nous retrouvons avec plus de 80% de films piratés sur le marché. Le piratage bloque la roue de la production. Il représente une menace réelle pour la création. Pour encourager les maisons d'édition à produire plus de films de haute qualité, il faut que le public achète l'original du film, car l a production survit avec l'argent de son produit. C'est grâce à la rentabilité de nos films que Ciné kabyle a produit plus de 30 films en tamazight dont Ma mère m'a dit, Wardia n'13… et Dda Muqran. La production est irremplaçable, et le doublage est une force pour consolider l'émancipation du cinéma amazigh.